Le 10 juin 1942, la commune tchèque de Lidice a été rasée par les nazis
59 ans se seront écoulés, le 10 juin, depuis la tragédie de Lidice, un événement qui ne tombe pas dans l'oubli. Le 10 juin 1942, la commune tchèque de Lidice a subi le même sort tragique que deux ans plus tard la commune martyre française d'Oradour-sur-Glane. Ce jour-là, Lidice a été complètement rasée par les nazis, les hommes fusillés, les femmes et les enfants déportés dans des camps de concentration. Aussitôt après la fin de la guerre, Lidice nouvelle a été édifiée, du côté nord-ouest de l'ancienne commune rasée. Le territoire de celle-ci a été aménagé en un lieu de piété, avec un mémorial de la tragédie de Lidice et une grande roseraie dont les rosiers sont envoyés d'un peu tous les coins du globe, et un groupe de sculptures des enfants de Lidice, achevés seulement récemment.
Le destin tragique de la petite commune minière paisible, à 20 kilomètres à l'ouest de Prague, a commencé à s'accomplir le 10 juin 1942, quelques heures après minuit. La décision d'effacer la commune de la carte du monde a été une vengeance pour l'attentat du protecteur du Reich en Bohême et en Moravie, Reinhard Heydrich. Cet homme, redouté et détesté des Tchèques, a été installé à ses fonctions, en septembre 1941, avec la mission de réprimer la résistance antifasciste. Sur décision du gouvernement tchécoslovaque exilé à Londres, deux membres de la résistance, Josef Gabcik et Jan Kubis, ont été parachutés en Bohême avec la mission de liquider Heydrich. Le 27 mai 1942, le protecteur a été mortellement blessé des coups de fusil. Sa mort, huit jours plus tard, suite à l'attentat, a déclenché une vague de terreur sans précédent, dont le massacre de Lidice deviendra l'un des actes les plus cruels. Au lendemain de l'attentat, les habitants de Lidice ne se doutaient pas encore que c'est justement leur village qui allait être choisi pour satisfaire le goût de vengeance des nazis.
Pourquoi Lidice? Le prétexte, dont les Allemands se sont servis, apparaît tout à fait incroyable et même absurde. C'était une lettre d'amour, adressée par un habitant de Lidice à son amie, et qui a été prise pour un message chiffré. La partie "suspecte" de la lettre est la suivante: "Chère Anne, excuse-moi de t'écrire si tard, mais tu sais que j'ai eu beaucoup de travail et de soucis. J'ai fait ce que j'ai voulu faire. Ce jour fatal, j'ai dormi quelque part, à Cabarna. Je me porte bien. Au revoir à cette semaine, après, on ne se verra plus. Milan." La lettre a été retenue par le patron de ce dernier et remise à la gestapo de Kladno. L'existence d'une liaison entre l'auteur de la lettre et les auteurs de l'attentat n'a jamais été prouvée. N'empêche que le 10 juin, le sort de Lidice ait été décidé: un communiqué officiel allemand annonce que pour leur activité et l'aide apportées aux assassins de Heydrich, les habitants de Lidice ont enfreint de manière la plus grossière les lois en vigueur. A partir de là, Lidice a dû être effacée de la carte. 173 hommes ont été fusillés sur place, dans la ferme Horak, rasée en tant que dernière des 96 maisons de Lidice. 19 autres hommes, qui revenaient de leur poste de nuit à la mine, ont été abattus. Le plus âgé d'entre eux avait 84 ans, le plus jeune 15 ans. Parmi les 196 femmes déportées au camp de Ravensbrück, 49 sont mortes des suites des souffrances, trois ont été portées disparues. Sur 105 enfants de Lidice, arrachés à leurs mères, 88 ont été transportés dans le camp de concentration de Chelmno en Pologne. Des enfants dont l'aspect physique correspondait aux critères de "race nordique pure", ont été placés dans des familles allemandes pour une rééducation. Seuls 17 enfants ont survécu et sont revenus chez eux, après la guerre, après deux années de recherches.
L'ordre de liquider la commune de Lidice a été donné par Hitler en personne. Son intention de faire effacer Lidice de la carte a cependant échoué. La nouvelle sur son anéantissement a fait le tour du monde. Encore pendant la guerre, un mouvement pour le renouveau de Lidice a vu le jour. Le nom de la petite commune tchèque de Lidice rasée par les nazis allait être adopté par de nombreux villages dans différents pays du monde.
L'édification de la nouvelle localité de Lidice, y compris le mémorial avec une exposition permanente et la roseraie, date de 1948 - 1959. 150 maisons familiales sont devenues un nouveau foyer pour 143 femmes et 17 enfants ayant survécu à la tragédie. L'initiative de fonder une roseraie a vu le jour en Angleterre. C'est Barnett Stross, député du parlement britannique et président de l'association "Lidice restera vivante", qui a avancé cette idée, qui allait obtenir un vif soutien auprès d'une trentaine de pays du monde. Grâce à eux, presque 30 000 roses ont fleuri dans la roseraie, fondée en juin 1955, sur une surface de plus de 3 hectares, entre Lidice ancienne et nouvelle, et descendant jusqu'à la tombe commune des hommes de Lidice. En 1986, l'espace du mémorial a été élargi, mais il est resté inachevé. La seconde construction, restée pendant longtemps inachevée à Lidice, un groupe de sculptures en bronze, rendant hommage aux enfants qui ont péri. Son édification a été décidée en 1969 par la femme sculpteur, Marie Uchytilova. Comme symbole d'un tombeau imaginaire des 13 millions de victimes les plus innocentes de la guerre - des enfants, elle a choisi pour modèle, 82 enfants de Lidice asphyxiés dans les chambres à gaz de Chelmno. Sans subvention quelconque, elle a travaillé, avec le sculpteur Jiri Vaclav Hampl, sur ces sculptures, dont un premier groupe de 29 enfants a été dévoilé en 1995. Pour pouvoir terminer les travaux, on a crée une fondation pour la réalisation du monument. Des contributions y ont été versées du monde entier.
Le visiteur, qui arrive aujourd'hui à Lidice, est accueilli au mémorial. Il peut assister à la projection d'un film documentaire sur l'anéantissement de la commune, visiter les lieux de piété et se recueillir, devant le monument des enfants de Lidice nouvellement installé. Le mémorial se propose d'entretenir le nom de Lidice en tant que symbole mondial des victimes de crimes nazis. Une cérémonie y a lieu tous les ans, le jour de la tragédie, le 10 juin.