Le 196e anniversaire de la bataille de Slavkov - Austerlitz
Merci de nous rejoindre pour ce rendez-vous avec l'histoire. Le thème d'aujourd'hui s'impose: le 2 décembre 1805, les armées napoléoniennes ont remporté la bataille de Slavkov connue sous son appellation allemande, Austerlitz. Tous les ans, l'événement est rappelé par des manifestations commémoratives de grande publicité. Il en sera de même ce samedi, le 1er décembre: environ 1100 membres de clubs historiques militaires d'Europe prendront part à la reconstitution de la bataille des trois empereurs. Une occasion de nous rendre à Austerlitz et de parler de cette bataille considérée comme l'une des plus sanglantes, dans laquelle les Français ont perdu 12 mille hommes, les alliés plus de 27 mille.
Il convient de dire que les traces de Napoléon Bonaparte sont gardées très vivantes, avec beaucoup de piété, à Austerlitz, grâce surtout à la Société napoléonienne tchécoslovaque réunissant plus de 130 membres. Celle-ci, ensemble avec le Musée Slavkov, organisent, tous les ans, des manifestations commémoratives, y compris la reconstitution historique de la bataille, sur les mêmes lieux où cette dernière était livrée: au pied de la colline de Santon, à Zuran, où Napoléon avait son poste de commandement, à Tvarozna, où on peut admirer des démonstrations d'art militaire. Les célébrations culminent, traditionnellement, par un acte de piété au Monument de la paix, près de la commune de Prace. Mais un peu d'histoire, pour mémoire:
La bataille d'Austerlitz a mis fin à la IIIème coalition antifrançaise constituée avec le soutien financier de l'Angleterre par la Russie, l'Autriche, la Suède et Naples, au cours de 1805. Elle compte parmi les rencontres les plus sanglantes sur le territoire des Pays de Bohême. Les armées des Alliés ont été représentées sur le champ de bataille par l'empereur autrichien, François 1er, et par le tsar russe, Alexandre 1er. Leur adversaire - l'empereur des Français, roi italien et médiateur de la confédération suisse, Napoléon Bonaparte, âgé de 36 ans à l'époque.
L'armée russo-autrichienne comptait 90 mille soldats dont 15 mille seulement provenaient de la monarchie habsbourgeoise, dont les pays tchèques faisaient partie intégrante. Le commandant en chef des Alliés a été le général russe Kutuzov, âgé de 60 ans, mais, selon le désir du tsar, les affaires de l'état-major ont été menées par les officiers autrichiens. Les plans des opérations de la bataille ont été élaborés par le général de brigade Franz von Weyrother. Les plans des alliés comptaient sur le rôle offensif de Napoléon, donc sur l'attaque de l'aile droite des Français et, en collaboration avec les formations du centre de l'aile droite des Alliés, sur l'encerclement de l'ennemi dans l'espace du sud-est de Brno.
Or, la tactique de Napoléon a été basée sur les connaissances acquises par la reconnaissance des positions des Alliés, sur l'estimation psychologique correcte des intentions de l'adversaire, sur des éléments tactiques nouveaux, de même que sur les capacités du corps de jeunes officiers. L'armée française comptant 75 mille soldats, et donc plus faible que son adversaire, occupait la ligne d'opération de 12 km entre la butte fortifiée de Santon, au nord, et le village de Telnice, au sud. Elle a avancé sur la rive gauche des ruisseaux Velaticky et Zlaty potok et près de la moitié de l'armée a été concentrée en face des hauteurs de Prace. Trois corps d'armée, la cavalerie en réserve et la garde ont été commandées par 7 maréchaux français.
Dans le calendrier grégorien, la bataille a été livrée lundi, le 2 décembre 1805, à la Sainte-Bibiane. Le calendrier russe julien n'a affiché que le 20 novembre, les Français ont suivi le calendrier républicain indiquant le 11 frimaire de l'an XIV.
Après quelques petits accrochages survenus dans la nuit, trois colonnes des Alliés se sont attaqué ensemble avec l'avant-garde autrichienne, vers 7 heures du matin, aux positions des Français sur la ligne Sokolnice-Telnice et se sont emparé des deux villages avant 10 heures. Sous la voile du brouillard, Napoléon a lancé sur les hauteurs de Prace, vers 8,30, d'abord le IVème et plus tard le 1er corps d'armée qui ont commencé à menacer les arrières des Alliés. A 8 heures environ, le général russe, Bagration, s'est attaqué, le long de la route d'Olomouc, à Santon, et occupé temporairement le village de Tvarozna. Une division française a pénétré dans l'interstice de 4 km entre l'aile droite des Alliés: elle a permis de transférer le succès du centre à l'aile droite des Français. Bagration a été obligé de se retirer.
La percée du centre des armées russo-autrichienens a signifié la menace pour les arrières des colonnes près de Sokolnice et Telnice. La tentative tardive de se retirer de la ligne des combats a entraîné la perte des canons, du train des arrières et la prise de plusieurs milliers de soldats alliés. La bataille s'est terminée par la victoire absolue des Français vers 16 heures: pour gagner, quelque 60 mille soldats et 9 heures de lutte acharnée ont suffi.
Les pertes des Alliés sont évaluées à 40% de toutes les unités, les Français croient avoir perdu 12% des corps effectivement engagés. 18000 soldats de toutes les trois armées reposent dans 25 tombes communes.
Après l'armistice conclu le 6 décembre 1805 au château d'Austerlitz, le traité de paix a été signé à Bratislava. L'Autriche a perdu un territoire de 66 mille km carrés avec 3 millions d'habitants et 1/7 du revenu national. Livrée le jour du 1er anniversaire du couronnement de Napoléon, la bataille d'Austerlitz a signifié le raffermissement de son pouvoir en Europe et elle a eu, pour suite politique, la ruine du Saint empire romain de la nation allemande.
La bataille d'Austerlitz est rappelée par un impressionnant Monument de la paix. Edifié dans les années 1910 - 1912, d'après les projets de l'architecte Josef Fanta, en style de sécession, il forme une pyramide quadrangulaire d'une hauteur de plus de 26 mètres, couronnée d'un ellipsoïde représentant le globe et portant, au sommet, une croix chrétienne haute à elle-seule de plus de 10 mètres. Quatre statues érigées aux pieds de la pyramide symbolisent les héros des armées française, autrichienne, russe et aussi l'héroïque peuple de la Moravie ayant beaucoup souffert par ce conflit sanglant. Au sous-sol de la Chapelle qui se trouve à l'intérieur du Monument, il y a le lieu du dernier repos des soldats ayant trouvé la mort à Austerlitz.