Jan Zahradnicek, poète et martyre
Il y a 97 ans, naissait le poète tchèque, Jan Zahradnicek, homme dont le sort tragique ne cesse de nous bouleverser, près d'un demi-siècle après sa mort. Vaclav Richter rappelle les principales étapes de la vie du poète.
Jeune, Jan Zahradnicek a été victime d'un accident qui a démoli sa colonne vertébrale ce qui allait bloquer sa croissance et lui donner l'apparence d'un bossu. Son intelligence, son âme même se reflétaient cependant dans son visage aux traits réguliers et purs. Né en 1905 dans un petit village de Moravie, il part à Prague après les études secondaires dans la ville de Trebic. C'est à Prague qu'il rencontre toute une pléiade des grands de la littérature tchèque - Halas, Holan, Hora, Seifert. Les amitiés qu'il noue avec ces poètes l'inspirent et contribuent à développer son talent. Tandis qu'au début, Jan Zahradnicek est un poète romantique qui se délecte presque dans son désespoir, dans les années trente, sa poésie commence à s'éclaircir. Il écrit des vers pleins de joie qui rendent hommage à la nature et à Dieu, car Jan Zahradnicek est un poète catholique. Sa foi profonde est pour lui une force majeure dont toute sa poésie est empreinte et qui lui permettra de survivre aux moments les plus difficiles de son existence. Le catholicisme explique aussi ses opinions, son attitude critique vis-à-vis du libéralisme de la Première république tchécoslovaque, ses appels à l'épuration de la littérature et de la vie frôlant l'antisémitisme. Il passe la Seconde guerre mondiale, retiré à la campagne, mais sa poésie condamne d'une façon à peine voilée le régime nazi. Après la libération, il connaît une courte période de bonheur. Il se marie, devient père. Au début des années cinquante, il est arrêté avec plusieurs autres écrivains catholiques. Un grand procès est monté. Jan Zahradnicek est accusé de détester la classe ouvrière et de propager, par ses écrits, les opinions réactionnaires du Vatican. Condamné à treize ans de détention, il ne sortira de la prison qu'en 1960, quelques mois seulement avant sa mort. Les retrouvailles avec sa famille ne peuvent pas lui rendre la santé détruite par la prison stalinienne. Ses vers, considérés comme un des sommets de la poésie tchèque du 20ème siècle, lui permettront de survivre non seulement aux épreuves de sa vie mais aussi à sa mort physique.