80 ans d'Otomar Krejca
Otomar Krejca est l'une des plus grandes figures du théâtre tchèque. Il fête, ce vendredi, ses 80 ans... Le public tchèque le connaît en tant qu'acteur et, surtout, comme un metteur en scène hors du commun. C'est dans les années cinquante, qu'il brillait sur des scènes de théâtre de Prague et à l'écran. Sa carrière de metteur en scène commence, à la fin des années cinquante, au Théâtre national de Prague. Ses mises en scène, dont celle de Roméo et Juliette, par exemple, ont enchanté toute une génération de spectateurs. En 1965, Otomar Krejca crée son propre théâtre, Divadlo za branou, Théâtre Derrière la porte. Il y écrit l'un des plus glorieux chapitres du théâtre tchèque. Il présente, avec un énorme succès, auprès du public et de la critique, des pièces de Tchekhoff, Musset, Sophocle. Mais l'existence du théâtre Za branou est courte : elle ne dure que sept ans. Quatre ans après l'écrasement du Printemps de Prague, le régime communiste le liquide. Il autorise Krejca à travailler dans un autre théâtre de Prague, mais pas pour très longtemps non plus. Interdit dans son propre pays, il est invité à travailler à l'étranger : en Allemagne, en Belgique, en France et ailleurs. Pourtant, il ne choisit pas la voie de l'émigration... En 1990, après la chute du régime communiste, Otomar Krejca renouvelle son théâtre Za branou. Cet essai échoue, pour des raisons diverses, au bout de quatre ans. Deux ans plus tard, il présente Faust de Goethe sur la scène du Théâtre national de Prague. Et c'est sur cette même scène qu'a eu lieu la première, jeudi soir, de la pièce de Thomas Bernhard, Portrait d'un artiste, dans la mise en scène de Krejca. C'est sa 81ème mise en scène déjà. Le destin du protagoniste de la pièce, l'acteur Minetti, un homme âgé, lui ressemble admirablement. Tout comme lui, il vit dans un isolement, en attendant d'accomplir une dernière occasion artistique, de jouer le rôle de sa vie... Malgré les interdictions, le bilan artistique de Krejca est impressionnant, et on peut croire qu'il n'a pas encore dit son dernier mot. L'année dernière, il s'est vu attribuer le Prix Thalie, pour l'oeuvre de toute sa vie. En ce qui concerne l'avenir du théâtre tchèque, Otomar Krejca est plutôt réservé, sinon sceptique. Il dit : "Il n'y a pas grand-chose à attendre."