Le 21 août 1968 - le 32ème anniversaire
La nuit du 20 au 21 août 1968, les armées de cinq Etats du défunt pacte de Varsovie ont franchi la frontière de la Tchécoslovaquie pour étouffer par la force la tentative des dirigeants réformateurs d'édifier le socialisme à visage humain. 32 ans après, le rappel de l'un des événements clé de l'histoire tchèque risque de tomber dans l'oubli. Pour la jeune génération, surtout, août 68 fait partie de l'histoire lointaine. Pourtant, il n'y a pas que les participants directs aux événements d'août à estimer qu'il faut rappeler et surtout ne pas oublier ce qui avait précédé et ce qui allait suivre août 68. Jaroslava Gissubelova.
C'est ce qui a retenti, en effet, dans les allocutions des participants à un acte de piété, ce lundi 21 août avant midi, devant la Radio tchèque, qui fut le théâtre, il y a 32 ans, des accrochages des plus violents. L'occupation soviétique a fait 72 morts, 266 blessés grièvement et 436 légèrement. C'est en leur hommage que la fanfare militaire a interprété la marche aux héros tombés : Que s'était-il passé cette nuit fatidique du 20 au 21 août 1968? Une heure avant minuit le 20 août, un demi-million de soldats du pacte de Varsovie, donc soldats frères à l'époque, ont envahi la Tchécoslovaquie par des voies aériennes et terrestres. Telle a été la réponse de Moscou à l'idée du socialisme à visage humain avancée en avril 1968 par Alexander Dubcek. Il s'agissait de maintenir le rôle dirigeant du parti communiste mais d'introduire, du haut, certaines réformes en vue des libertés individuelles. L'invasion, perpétrée en contradiction avec le droit international, allait changer la vie de notre pays pour vingt longues années. Entraînés à Moscou où ils furent internés, les dirigeants tchécoslovaques finissent, aux termes des pressions psychologiques et même physiques, par accepter l'ordre de Moscou d'abandonner toute tentative visant à démocratiser le socialisme.
La nouvelle réalité est scellée en octobre 1968, lorsque l'Assemblée nationale se prononcera favorablement pour le séjour temporaire des troupes soviétiques sur notre territoire. Ce document marque la rupture nette et ouverte entre la direction de l'Etat et la volonté des citoyens. La défaite du Printemps de Prague est achevée par l'adoption des documents sur la normalisation de la société. Gustav Husak, exposant direct de Moscou, est installé à la direction du pays devenu ainsi satellite de Moscou. La société frustrée tombe peu à peu en léthargie. Des opposants au régime sont cruellement persécutés, ainsi que leurs familles. Depuis 1970, l'anniversaire d'août 68 est commémoré plutôt par une résistance passive. Ce n'est qu'à l'occasion du 20ème anniversaire, en août 1988, que de puissantes manifestations ont lieu à Prague, Brno et Plzen, prélude de la révolution démocratique de novembre 1989.
Les raisons de remémorer ce qu'on appelle les événements d'août 68 sont nombreuses. Le maire de Prague, Jan Kasl, présent ce lundi à la Radio, a souligné dans son allocution, que le parti qui avait trahi le pays il y a 32 ans, a aujourd'hui l'arrogance d'être représenté au parlement. De même, 32 ans après l'invasion, les auteurs des lettres d'invitation ayant servi à Moscou de prétexte et de justification internationale de l'invasion, restent toujours impunis pour leur crime de haute trahison.