Aggravation de la tension entre la Tchéquie et l'Autriche
La mise en service, lundi, de la centrale nucléaire de Temelin, en Bohême du sud, a déclenché une forte controverse diplomatique entre la République et l'Autriche. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
Depuis plusieurs jours, les activistes autrichiens bloquent certains passages frontière entre les deux pays. Cette manière de protester contre la mise en service de la centrale de Temelin devrait durer jusqu'à vendredi minuit. Le porte-parole de la plate-forme de Haute-Autriche contre le danger nucléaire, Josef Pühringer, est catégorique : "Le blocage de la frontière ne peut être arrêté que par l'arrêt de la fission dans la centrale et par la promesse d'effectuer, pendant six mois, des contrôles de sécurité." Le gouvernement tchèque a perdu patience, mercredi. Le ministère des Affaires étrangères a posé à l'ambassadeur autrichien, à Prague, Klaus Daudlebsky, un ultimatum : « La République tchèque demande expressément au gouvernement fédéral autrichien de garantir, immédiatement, la libre circulation à tous les passages frontière tchéco-autrichiens, en raison de la très mauvaise situation humanitaire, qui empire d'heure en heure ». Le ministre des Affaires étrangères, Jan Kavan, a déclaré qu'il ne s'agissait pas, en effet, que de la frontière tchéco-autrichienne, mais aussi de la frontière extérieure de l'Union européenne, donc de la violation de l'accord d'association. Le blocage devait prendre fin mercredi soir à 23.00. Dans le cas contraire, la Tchéquie s'en remettrait à l'Union européenne.
La réaction des milieux officiels autrichiens a été négative. Ils ont invoqué le principe de la liberté de rassemblement et d'expression. Le cabinet tchèque a donc dû se réunir à 23.30 pour décider des mesures à prendre. Le négociateur tchèque avec l'Union, Pavel Telicka, a contacté l'ambassadeur de la Commission européenne à Prague, Ramiro Cibrian, pour lui exposer la situation. Dans une interview, jeudi matin, à la Radio tchèque, le chef de la diplomatie, Jan Kavan, a déclaré qu'il ne s'attendait pas à ce que les institutions de l'Union européenne réagissent immédiatement à la plainte tchèque concernant le blocage des passages frontières tchéco-autrichiens par les opposants autrichiens à la centrale nucléaire de Temelin. Il pense que la situation ne devrait pas se dramatiser et continuer par la confrontation. La Tchéquie veut conserver ses bonnes relations avec l'Autriche, mais, d'un autre côté, aucun gouvernement au monde ne peut tolérer le blocage de ses frontières. Jan Kavan a indiqué que les documents de consultation avec l'Union européenne seraient basés sur les engagements juridiques internationaux que l'Autriche viole par ce blocage. La Tchéquie ne demandera pas de dommages et intérêts à l'Union. Selon le ministre, les transporteurs autrichiens ont commencé à déposer leurs plaintes auprès du gouvernement de leur pays. Il en sera, certainement, de même en République tchèque. Un fait est certain : les plus touchés sont les chauffeurs de camions stoppés à la frontière, certains depuis la semaine dernière. Mercredi, plusieurs ministres tchèques se sont rendus sur les lieux, et le gouvernement a déboursé des moyens financiers pour leur apporter une aide humanitaire.
Le chef de la diplomatie tchèque, Jan Kavan, a encore déclaré, à la radio, qu'il pensait que le gouvernement autrichien reconnaîtrait l'absurdité de la situation. Par de tels actes de protestation on ne peut changer la décision du gouvernement tchèque de mettre en service Temelin.