Les Tchèques ne sont pas indifférents
Depuis dix ans déjà, on organise un cycle de concerts de l'Avent à Prague. Il s'agit de quatre concerts dominicaux retransmis en direct par la Télévision tchèque, dont l'objectif est d'aider les personnes handicapées. Voici l'histoire de cette belle tradition de bienfaisance. Astrid Hofmanova.
Tout a commencé le 1er décembre 1991, lorsque le premier concert de l'Avent a été donné au palais Lobkowicz à Prague en faveur de l'Union des mal voyants. Il a rapporté plus de 2 millions de couronnes destinés, à l'époque, à quatre personnes concrètes. Depuis, les concerts de l'Avent ont lieu tous les ans. Le dernier en date, donné le 10 décembre, a battu tous les records en réunissant 500 000 couronnes, rien qu'en une heure. Normalement, on envoie l'argent, aussi, après le concert pour que la somme finale approche des millions ; l'année dernière, c'était 9 millions.
Le père des Concerts de l'Avent est le réalisateur de la TV, Jaromir Vasta, qui s'est inspiré d'un programme similiare diffusé le 24 décembre par la TV autrichienne. Mais au lieu d'organiser un unique concert du Réveillon, Vasta a introduit une série de quatre concerts dont chacun est consacré à un groupe précis de personnes handicapées ou nécessiteuses. Parmi les atouts principaux des concerts de l'Avent, il y a le contrôle rigoureux des bénéfices et de leur utilisation. D'un côté, on connaît les donneurs dont les noms, y compris la somme envoyée, apparaissent sur l'écran, de l'autre côté, les bénéficiaires sont obligés de rendre compte publiquement de l'utilisation des moyens reçus. Mais les concerts produisent aussi un autre effet très important. Les handicapés peuvent, en effet, sortir de leur anonymat et le fait d'apparaître sur l'écran change souvent leur vie. La société a la possibilité de se familiariser de près avec leurs problèmes pour être plus motivée à les aider. L'animatrice des Concerts de l'Avent, Marta Kubisova, a fait une expérience intéressante au cours des dix ans de l'existence des concerts. Selon elle, le plus d'argent vient de petites villes et communes, de maisons de retraite, d'écoles ou de paroisses, tandis que des grandes entreprises pragoises, par exemple, n'envoient presque rien. « Plus les gens sont pauvres, plus ils sont en mesure de s'associer aux problèmes des autres » , estime-t-elle, sans perdre pourtant tout l'espoir en ce qui concerneles riches. Pour elle, les Tchèques ne sont pas du tout indifférents.