La justice tchèque et le racisme
L'assassinat du Rom, Oto Absolon, dans la ville de Svitavy, vendredi dernier, par un skinhead, a relancé la polémique sur l'objectivité de la justice tchèque face à la criminalité à caractère raciste. Vaclav Richter.
Vendredi soir, dans une discothèque de Svitavy, le skinhead Vlastimil Pechanec assène plusieurs coups de couteau au Rom, Oto Absolon. Ce dernier mourra le lendemain des suites de ses blessures. Les Roms de la ville se sentent menacés. Ils demandent la protection policière pour l'enterrement d'Oto Absolon et l'annulation d'un concert rock dans leur ville qui pourrait devenir un prétexte pour une concentration des skinheads à Svitavy et une nouvelle agression contre leur communauté. Ils protestent plus encore contre les dernières mesures prises en commun par les gouvernements tchèque et britannique qui refoulent les demandeurs d'asile potentiels en Grande-Bretagne, donc en majorité les Roms, déjà à l'aéroport de Prague. La presse commente largement cette situation et fait le bilan de la criminalité raciale de ces dernières années en République tchèque. En l'an 2000 on a enregistré en République tchèque 136 actes délictuels dont les motifs ont été qualifiés de racistes et la fréquence des ces actes continue à augmenter. On finit logiquement par se demander si cette tendance négative n'est pas due à l'indifférence voire même à une espèce de complaisance entre les organes de la justice, la police et les accusés. Le président de l'Union des Juges tchèque, Libor Vavra, proteste contre une telle interprétation et souligne qu'il est souvent très difficile de dévoiler et de prouver le motif racial d'un délit. Par contre le délégué gouvernemental aux droits de l'homme, Jan Jarab, estime que le manque d'efficacité des organes de la police et de la justice dans la lutte contre la criminalité raciste ne peut être expliqué que par une certaine sympathie de ces organes pour les accusés. A l'avis de Jan Jarab, les peines sont souvent trop clémentes. Il rappelle que même l'assassin de Svitavy, Vlastimil Pechanec, avait été déjà jugé et condamné seulement à deux ans de prison pour avoir blessé un Rom ce qui était, à son avis, une peine inadéquate à la gravité de cet acte. Il estime, de même d'ailleurs que le président de l'Union des juges, que le code pénal tchèque ne fait pratiquement pas de différence entre les crimes racistes et les délits à caractère économique. A la différence du magistrat Libor Vavra, il pense cependant que la faute n'est pas dans les lois sur les délits racistes, mais dans l'indulgence des juges.