Économie/Commerce
Dans cette émission, nous allons parler des deux extrêmes humaines de la société active : les jeunes couples et les retraités. Et donc les problèmes de logement et les problèmes de pension.
La dénatalité est à l'ordre du jour en Tchéquie. Les gens, il en meurt plus qu'il n'en naît. Trois causes essentielles : l'insuffisance de l'aide sociale aux jeunes parents, l'insuffisance des salaires, l'inaccessibilité du logement pour les jeunes. Les gouvernements successifs, aux prises, jusqu'à présent, avec la transformation, semblent avoir négligé ce problème. Aujourd'hui, alors que la situation est alarmante, un projet ministériel de subvention au logement est enfin en cours de préparation au gouvernement. Les jeunes ménages pourraient obtenir des logements dans des immeubles de location à moitié prix. L'Etat devrait en principe doter non seulement les nouveaux appartements mais aussi les anciens. Voilà ce qu'il en est pour ce projet, en préparation au Ministère de l'Aménagement du Territoire. Y a-t-il un changement brusque dans la politique du logement ? Certainement, puisque l'Etat entend participer au financement des appartements et des maisons familiales par deux moyens :
* Une dotation aux intérêts sur crédits et,
* Un emprunt allant jusqu'à 200.000 couronnes.
Le ministère de l'Aménagement du Territoire s'est orienté vers la création d'instruments de soutien qui devraient faciliter le financement des logements pour les jeunes ménages. "Nous préparons un soutien sous forme d'emprunt et des dotations aux intérêts sur crédits qui permettraient de consolider le pouvoir d'acheter un logement", a dit la porte-parole du ministère, Dagmar Placha. Selon elle, le projet est, pour le moment, au stade conceptuel tandis que des observations et suggestions de différents ministères vont y être incluses plus tard. Le ministère compte présenter ce projet au gouvernement ce printemps encore. Si le document est approuvé, le nouveau programme pourra être mis en application au cours du second semestre de cette année. C'est donc une urgence. Le nouvel instrument législatif devrait régir le soutien au logement en propriété, en coopérative et en location des jeunes de 18 à 35 ans. Le soutien de l'Etat devrait aider à acquérir le premier logement, dans un immeuble ou dans une maison familiale, qu'ils soient neufs ou anciens. Le demandeur doit être une personne ayant un revenu, mais pas un étudiant dépendant financièrement de ses parents. S'il étudie, il faudrait qu'il ait sa propre source de revenus, même partielle. Le montant du revenu n'est pas décisif. "L'exigence d'une activité salariale et l'indépendance financière empêchent que les parents n'acquièrent des logements pour les enfants avec beaucoup d'avance" explique Placha. Il s'agit de pallier à des urgences.
La possibilité de chercher un appartement et de le financer avec l'aide de l'Etat, même dans de vieux immeubles, est qualifiée de positive par des spécialistes. Certains estiment cependant que la tarification des loyers, de rigueur en République tchèque pour le logement social, freine la promotion immobilière et permet au marché noir de prospérer. Faudrait-il alors libéraliser les loyers ? Tant que la demande est extraordinairement supérieure à l'offre, comme c'est le cas, toute libéralisation entraînerait une flambée des loyers et une spéculation encore plus sauvage. Les victimes de ces spéculations, quoique que conscientes de ce qu'elles sont exploitées et en situation précaire de sous-locataire dans une quasi-clandestinité, ne pourraient pour autant opter pour l'acquisition d'un logement, elles n'en auraient pas automatiquement les moyens, même avec l'aide qu'envisage le gouvernement. Ces personnes continueront donc de se faire exploiter et hésiteront, pour les célibataires, à s'engager dans les liens du mariage, et pour les mariés, à avoir des enfants. L'aide au logement ne serait vraiment efficiente qu'à la condition que les salaires s'améliorent notoirement. A la condition de leur indexation sur le coup de la vie, en tant que mesure supplémentaire à leur augmentation réelle.
Nous ne vous apprenons rien en vous disant que, comme en France, le vieillissement de la population est une réalité en Tchéquie. Les économistes soutiennent que l'empressement des gens d'aller à la retraite aggrave la balance des finances publiques, même s'il diminue le chômage. Quinze mille personnes de plus qu'à la retraite « normale » sont parties l'année dernière en préretraite, et ce, bien que l'âge légal pour le départ à la retraite augmente chaque année de quelques mois. Les préretraités reviennent à l'Etat beaucoup plus chers. Pour cela, le gouvernement veut favoriser les gens qui partent à la retraite plus tard. Presque 54.000 personnes sont parties l'année dernière en préretraite, alors qu'environ 39.000 préfèrent attendre " l'âge de la retraite ". Une année avant, les comptes ont été plus équilibrés, mais le nombre des nouveaux préretraités dépassait le nombre des nouveaux retraités.
Josef Trnka, de l'Administration tchèque de l'assurance sociale explique : " Il s'agit en majorité des gens qui ont soit perdu leur travail ou ceux dont le travail actuel les "empoisonne" et ils sont pressés de partir à la retraite ". Les chômeurs de longue durée et les bénéficiaires d'une pension d'invalidité ont le droit de partir en préretraite, deux ans avant l'âge légal. Ceux qui ont perdu la pleine pension d'invalidité gagnent 5 années de retraite. Dans les deux cas leur retraite est inférieure, et ce n'est qu'à l'âge légal que leur retraite est recalculée et qu'ils touchent un montant égal de leur pension.
Il est possible de partir en préretraite même sans indiquer le motif si l'intéressé a travaillé 25 ans. Mais, ceux qui partent dans ces conditions toucheront pour toujours une retraite «diminuée », avertit Trnka. La plupart des départs en préretraite sont classés justement dans cette catégorie. Selon Trnka, les préretraités, en raison de l'âge moyen chez nous, coûtent au système des retraites beaucoup plus que les retraités qui ont attendu l'âge légal. En revanche, quiconque retarde le départ à la retraite, voit augmenter le montant de sa pension : « Il s'agit des exceptions, mais déjà aujourd'hui certains retraités touchent même 15.000 couronnes », confirme Trnka. Cependant la pension de vieillesse moyenne n'atteint même pas 6.000 couronnes.
L'amendement préparé de la loi devrait compenser davantage le départ tardif à la retraite : la personne ayant un revenu moyen pourrait voir s'ajouter à sa retraite 500,00 couronnes chaque année. La diminution des retraites prématurées devrait également connaître un accroissement.
L'analyste en économie, David Marek, de Patria Finance, met en garde contre les départs prématurés à la retraite en tant que solution au chômage. " L'année dernière, le gouvernement a déboursé pour les retraites plus qu'il n'escomptait ", a constaté Marek. Et d'ajouter que ce n'est pas par ce moyen, somme toute aléatoire, que le chômage pourrait être résolu à long terme. Il n'est pas également souhaitable, en raison de l'évolution démographique, que les salariés retardent les départs à la retraite. " Le chômage doit être résolu par des changements structurels et par une croissance économique rapide " a-t-il dit.