La santé publique
Lorsque vous avez mal au ventre, vous avez deux possibilités : vous pouvez aller dans un dispensaire public, où vous risquez d'attendre des heures, ou vous pouvez choisir un établissement privé, où les infirmières et médecins souriants vous accordent les soins immédiatement, tout en étant prêts à vous rendre visite chez vous. Mais cette deuxième éventualité a un «petit défaut » : elle vous coûtera cher. Voici donc une petite réflexion sur l'état de la Santé publique tchèque et de la position du patient dans son système complexe
Les couloirs sombres où vous devez attendre même si votre consultation avait été fixée à une heure précise, le personnel pas très agréable, d'un côté, une salle d'attente agréable décorée de fleurs, l'infirmière discrète qui ne veut pas que vous lui racontiez vos problèmes gynécologiques directement dans la salle d'attente et en présence d'autres patientes, de l'autre côté. Voici deux faces de la Santé publique tchèque. Mais ce n'est pas encore tout, car une vraie «horreur » ne commence que lorsque vous devez subir, par exemple, une intervention chirurgicale qui nécessite votre hospitalisation. Là vous risquez non seulement de ne pas dormir toute la nuit, car votre voisin ronfle comme un soufflet de forge, mais de vous retrouver aussi dans une chambre où plusieurs patients sont morts pendant la semaine.
Voulez-vous éviter ce genre de problèmes? D'accord, vous avez deux possiblités, mais vous devez payer. Premièrement, vous renoncez à l'aide financière de la caisse d'assurance. Vous choisissez donc un établissement privé qui n'a pas de contrat avec une caisse d'assurance et vous payez tout, y compris les soins remboursés normalement par cette dernière. Pour votre illustration, la chambre à un lit revient à 300 à 1000 couronnes par jour. Parmi les établissements pragois de ce type, il y a par exemple American Medical Center qui assure le service 24 heures sur 24, effectue les visites à domicile et assure le traitement à l'hôpital ou chez des spécialistes. Le second groupe d'établissements sanitaires que vous pouvez choisir, a signé le contrat avec des caisses d'assurance mais accorde les soins hors standard. Ces soins sont payés par le patient lui-même. Le montant du remboursement dépend des caisses d'assurance qui accordent différents avantages à leurs clients. Mais les différences sont pratiquement négligeables, car elles ne concernent que la vaccination d'encéphalite ou les séjours au bord de la mer pour les allergiques. Dans ces établissements, vous pouvez avoir la chambre à un lit avec les toilettes et la télévision mais leur nombre est assez limité pour le moment.
Il y a peu, j'ai eu des problèmes de santé et je suis allée consulter les médecins dans le second type de dispensaire qui accorde les soins hors standard, remboursés en partie par la caisse d'assurance. Cet établissement s'appelle Lekarsky dum (la Maison des médecins) et le patient peut y acheter pour 10 000 couronnes la carte de membre du dit LD-Club qui l'autorise à un examen préventif général par an et à la priorité aux consultations. Très satisfaite des soins que les médecins m'ont accordés dans cet établissement, j'ai rendu la visite à son chef, l'ingénieur Jiri Vltavsky, pour nous présenter la Maison des médecins.
"Lékarsky dum Prague 7, société anonyme, a été fondé en 1995 comme un établissement sanitaire privé pour les patients qui y viennent pour des consultations ou pour subir de petites interventions chirurgicales nécessitant un ou deux jours d'hospitalisation. Nous accordons une large gamme de services, dont l'orthopédie, la gynécologie, la chirurgie plastique, la médecine générale et on vient d'ouvrir un nouveau pavillon d'oncologie sur la demande des patients."
La Santé publique tchèque affronte une grande crise due au manque de moyens financiers. Souvent, le système n'est pas en mesure de payer non seulement les médecins mais aussi des établissements ou hôpitaux, notamment dans les petites villes. Ceux-ci doivent donc disparaître et les patients sont obligés de chercher l'aide dans des hôpitaux éloignés de leurs domiciles. Comment se porte donc votre Lekarsky dum, comment réussit-on à le financer?
"Les problèmes sont énormes et sont dûs, notamment, à des lacunes dans la législation. Lorsque nous avons signé un contrat avec la caisse d'assurance, nous ne pouvons pas payer de cet argent les soins hors standard. La loi ne prend pas en considération le genre de services que nous accordons et considère Lékarsky dum comme un établissement standard. Evidemment, cela fraine le développement de la société. "
Quelle est donc l'issue à cette situation ? "Chez nous, les disciplines lucratives dotent les disciplines déficitaires. Mais cette solution ne peut être efficace que pour un délai limité. C'est la législation qu'il faut changer, car jusqu'à présent, on ne sait pas très exactement comment financer la Santé publique, y compris les soins hors standard. Selon la loi, ces soins n'existent même pas, car différents services sont couverts par une somme fixe, sans prendre en considération les frais de la technique ou des appareils qui sont nettement supérieurs aux sommes atrtribuées par l'Etat."
Durant ma rencontre avec l'ingénieur Vltavsky, j'ai aussi invité au micro l'oncologue Libuse Tayerlova qui se bat depuis plusieurs années déjà pour l'ouverture d'un pavillon de prévention oncologique.
"On a réussi, enfin. Mais il s'agit d'un grave problème, car, après 1990, le système de prévention oncologique s'est complètement désintégré. Cela en dépit du fait que le nombre de malades souffrant d'un cancer ne cesse d'augmenter. Ainsi, beaucoup de patients arrivent trop tard, dans le stade où le cancer devient incurable. La prévention a aussi un impact économique irremplaçable, car le traitement d'un cancer avancé est beaucoup plus cher que lorsqu'il est dépisté à son début. Dans ce domaine, nous avons du retard sur les pays occidentaux. Nous organisons des examens pour des entreprises et les résultats sont satisfaisants. Nous avons découvert des femmes au-dessus de cinquante ans qui n'ont jamais subi une mamographie. C'est inacceptable. Après l'éclatement du système de prévention, les patients sont désorientés mais peu à peu ils apprennent de venir chez nous, car nous leur offrons des soins de haute qualité ainsi qu'une ambiance agréable..."