Les Noces de Figaro au Théâtre des Etats
Une nouvelle production de l'opéra de Mozart, Les Noces de Figaro, figure au répertoire du Théâtre des Etats à Prague. Vaclav Richter.
"... ici, on ne parle que de Figaro, écrit Mozart dans une lettre, lors de sa visite à Prague, en janvier 1787, on ne joue, on ne chante et on ne siffle que des motifs de Figaro. Aucun opéra n'attire autant que Figaro et toujours Figaro. C'est assurément un grand honneur pour moi." Oui, le succès des Noces de Figaro à Prague était fulgurant et c'est grâce à ce triomphe que Mozart a obtenu la commande de composer Don Giovanni dont la création au Théâtre des Etats à Prague devait avoir lieu en automne de la même année. Il est donc évident que chaque artiste qui prépare une nouvelle mise en scène des Noces de Figaro dans le même théâtre où Mozart lui-même a dirigé cet opéra, se retrouve face à une grande responsabilité. Dans les années 90 du siècle dernier on pouvait voir au Théâtre des Etats les Noces dans une mise en scène moderne et iconoclaste de Jaroslav Chundela qui a scandalisé le public conservateur et certains chanteurs. A partir du 9 février dernier, le Théâtre des Etats présente une nouvelle production réalisée par le metteur en scène, Josef Prudek, qui est le directeur de la troupe lyrique du Théâtre national. Par rapport à la conception controversée de Jaroslav Chundela, la nouvelle mise en scène est beaucoup plus prudente. Il est évident que l'intention de Josef Prudek n'était pas de choquer mais de plaire. Il a donné à cette comédie musicale inspiré de Beaumarchais un style légèrement parodique et cherchait à enrichir le comportement des personnages par de menus épisodes et situations pour "meubler" le temps réservé aux airs et aux ensembles. Son intention d'insuffler la vie à l'action scénique n'a réussi que partiellement. La critique lui reproche de ne pas avoir été capable de jeter une lumière plus révélatrice sur les rapports entre les personnages et constate que certaines de ses trouvailles manquent de logique. La scénographie de Jan Zavarsky s'inspire de l'architecture du Théâtre des Etats, les costumes sont classiques. Reste la musique et son interprétation qui est sans doute le moment fort du spectacle. Cette réussite relative est due surtout à plusieurs artistes slovaques invités. Le chef d'orchestre du Théâtre national slovaque, Peter Feranc, a été applaudi pour une exécution brillante de l'ouverture. Le public et la critique ont apprécié également les fioritures souples de Simona Houda-Saturova dans le rôle de Suzanna et le baryton charmant de Martin Babjak qui campait lors de la première le comte Almaviva. En somme, un spectacle qui pourrait faire plaisir aux amateurs de l'opéra classique et décevra ceux qui cherchent au théâtre la modernité et la hardiesse.