Milada Horakova : fidélité et courage d'une femme hors du commun

Photo: CTK

Une plaque en hommage à Milada Horakova, juriste et député, exécutée par la justice communiste le 27 juin 1950, a été dévoilée à une maison de la rue portant son nom, au 7e arrondissement de Prague. Un souvenir de cette femme exceptionnelle par Jarka Gissubelova.

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Parmi les victimes des procès monstrueux des années cinquante montés de toutes pièces, Milada Horakova a été l'unique femme envoyée à mort. Le jour de son exécution, le 27 juin, a été établie, à sa mémoire, Journée des prisonniers politiques.

Milada Horakova est née à Prague le 25 décembre 1901. Elle était diplômée de droit, membre du parti national social, une femme intègre et sereine, attentive aux questions sociales et aux soins à la jeunesse, pas seulement à titre de son poste de chef du département de l'assistance sociale à la municipalité de Prague. Dès l'occupation de la Tchécoslovaquie, Milada Horakova s'est engagée dans la résistance, travaillait aux organisations clandestines et participait aux activités de renseignement. La Gestapo l'a arrêtée en août 1940. Pendant 4 ans, jusqu'à juin 1944, Milada Horakova a été emprisonnée dans la petite forteresse de Terezin. En octobre 1944, à Dresde, elle a échappé à la peine capitale. Après la libération, elle a été élue députée de l'Assemblée nationale, présidente du Conseil tchécoslovaque des femmes et vice-présidente de l'Union des prisonniers politiques libérés. Un mois après le putsch communiste de février 1948, Milada Horakova a renoncé à son mandat de députée, décidée de ne pas accepter la nouvelle dictature. Elle s'est engagée de nouveau dans la résistance, cette fois-ci anticommuniste. Elle a sauvé beaucoup de personnes en les aidant à s'exiler, refusant, elle-même, l'émigration. La police d'Etat l'a arrêté le 27 septembre 1949. Dans un procès basé sur des accusations mensongères, Milada Horakova a été accusée de haute trahison et d'espionnage et condamnée à mort. Des personnalités marquantes du monde entier, dont Albert Einstein et Bernard Russel, ont adressé des demandes de grâce au président Klement Gottwald. Ce dernier les a ignorées. A la veille de son exécution dans la prison de Pankrac, le 27 juin 1950, Milada Horakova, âgée de 46 ans et mère d'une fille, écrit: "Je suis quitte face au tribunal de ma conscience." En 1990, Milada Horakova a obtenu la pleine réhabilitation judiciaire et le Président Vaclav Havel l'a décorée de l'Ordre Masaryk à titre posthume.