Des monuments sinistrés par l'eau
Les inondations du siècle ont gravement touché les monuments au centre historique de Prague. On ne connaît pas encore l'ampleur des dégâts, mais le bilan s'annonce lourd. Jarka Gissubelova.
Le bilan est tragique pour le quartier de Mala Strana, au pied du Château de Prague. Le pont Charles gothique pour lequel on craignait le plus, puisque les inondations de 1890 ont emporté ses 7 piliers, a résisté. Toute la pittoresque localité de Kampa a été submergée. Seuls quelques îlots en émergeaient : le bâtiment des Moulins Sova, abritant la galerie d'art moderne des collections Meda Mladkova, et dont la reconstruction coûteuse vient juste d'être terminée. A côté, le palais baroque Liechtenstein était dans une situation analogue. Or, l'eau a pénétré encore plus à l'intérieur de Mala Strana, en envahissant beaucoup de palais de haute valeur historique dont ce quartier est constitué. Le plus grand palais de Prague, le palais Wallenstein et les splendides jardins baroques, eux-aussi tout récemment rouverts après une longue reconstruction, étaient sous l'eau... De l'autre côté, sur la rive droite de la Vltava, l'eau ne s'est par déversée dans la Vieille-Ville, grâce aux protections anti-inondations récemment installées. Le malheur de la Vieille-Ville, c'est l'eau souterraine qui a envahi les caves de presque tous les bâtiments historiques. Au Théâtre national, l'eau a endommagé des installations techniques nécessaires à son fonctionnement. L'eau a pénétré dans les espaces souterrains du palais Rudolphinum, siège de la Philharmonie tchèque. Elle a envahi le Clementinum, siège de la Bibliothèque nationale. Le plus menacé, dans la Vieille-Ville, a été le couvent gothique Sainte-Agnès, l'un des sièges de la Galerie nationale, où l'eau a monté jusqu'au 1er étage. Les précieuses collections d'art ancien ont été évacuées du couvent, mais on se demande si le précieux ensemble résistera. La crue a sensiblement touché le Musée juif de Prague. Les plus graves dégâts ont été occasionnés à la Synagogue Pinkas, du 16e siècle, où l'eau souterraine est monté à 2,5 mètres et pratiquement délavé les noms des victimes de l'holocauste inscrits sur les murs... Des pertes historiques ont été découvertes dans des archives centrales qui se trouvent dans des quartiers inondés de Holesovice et au palais des Invalides, à Karlin. L'eau a presque détruit de précieux imprimés anciens qu'ils abritaient, dont la Bible de Prague de 1488. Des exemplaires sauvés sont maintenant congelés. C'est le seul moyen, d'après des conservateurs, de les sauvegarder pour les générations futures.