Les théâtres engloutis
Le déluge qui a déferlé sur la Bohême a porté un coup grave à la vie culturelle dans le pays. Vaclav Richter.
On attend le bilan de la catastrophe dans le domaine culturel qui doit être fait par le ministère de la Culture. Pour le moment, faute d'informations complètes, on ne peut que réunir des informations partielles qui forment une espèce de mosaïque du désastre. A Prague, par exemple, beaucoup de salles publiques sont situées au sous-sol. On pourrait dire même qu'il s'agit d'une spécialité de la vie culturelle pragoise. Des théâtres, des salles de concert, des clubs se trouvent au niveau des caves. La Vltava mais aussi les eaux souterraines et la canalisation surchargée ont fait leur oeuvre sinistre dans ces espaces souterrains. Le Théâtre national et le Rudolfinum abritant la célèbre salle Dvorak, situés sur le quai de la Vltava, s'en sont sortis relativement bien, c'est-à-dire avec les caves inondées, d'autres établissements ont été moins heureux. Le niveau d'eau au rez-de-chaussée du palais de Zofin situé sur une île sur la Vltava a atteint un mètre et demi. C'est d'autant plus fâcheux que ce palais, qui est un véritable centre culturel, a subi récemment une reconstruction coûteuse. Les salles de plusieurs théâtres se sont transformés en d'immenses aquariums. Le théâtre de la rue Dlouha a été inondé jusqu'au balcon, dans la salle du Théâtre de l'Opérette et de la Comédie musicale de Prague-Karlin, l'eau est montée jusqu'à la hauteur de la scène et le célèbre théâtre Semafor du poète, comédien et chanteur, Jiri Suchy, a sombré dans l'eau jusqu'au plafond. Dans le Théâtre Pod Palmovkou, l'eau a atteint deux mètres et demi. Parmi de nombreux clubs de jeunes et discothèques, citons au moins le très populaire club Roxy dans la Vieille-Ville qui, lui aussi, s'est retrouvé sous l'eau. L'eau a envahi également les caves des Bibliothèques nationale et municipale abritant des livres précieux. On tente maintenant de les sauver en les faisant congeler avant de procéder aux longs travaux de restauration. On se demande que faire pour sauver toute cette culture souterraine. Déjà on commence à organiser des concerts et des spectacles pour mobiliser le public et lui faire comprendre d'abord l'ampleur du désastre. Difficile d'évaluer pour le moment le coût de cette catastrophe culturelle car outre les salles, l'eau a détruit souvent des meubles, des accessoires de théâtre, des costumes et des décors. En titre d'exemple - rien que dans le théâtre de Prague-Karlin, les dégâts sont estimés à 110 millions de couronnes, un peu moins de 4 millions d'euros.