Comme dans le reste de l'Europe, l'issue positive prise par le référendum de samedi et le "oui" irlandais à la ratification du traité de Nice ont été accueillis avec un soulagement non-feint par l'opinion publique tchèque. Jamais l'horizon 2004 n'a en effet paru plus dégagé pour l'élargissement de l'Union européenne aux dix pays candidats, dont la République tchèque.
En se prononçant franchement et massivement en faveur de la ratification par leur gouvernement du traité de Nice, les Irlandais ont prouvé au reste de l'Europe qu'ils n'avaient pas la mémoire courte. Conscients de l'évolution et des changements positifs qui ont transformé et fait avancer leur pays, depuis son intégration à la Communauté européenne en 1973, ils ont préféré faire passer les intérêts de l'entité européenne avant les leurs. Après le choc provoqué par son refus, lors du premier référendum de juin 2001, le "yes" de cette île aux quatre millions d'âmes située aux confins de l'Europe occidentale peut aussi être considéré comme un message de bienvenue en direction des dix pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne. L'Irlande était le dernier des quinze pays membres à ne pas encore avoir ratifié le traité de Nice. Traité qui permet, entre autres, un élargissement de l'Union aux dix pays attendant actuellement sur le seuil de la porte d'entrée et dont la République tchèque fait partie. Le traité d'Amsterdam, qui datait de 1997 et n'autorisait qu'un élargissement maximum à cinq pays, a donc vécu.
Le 'oui' irlandais, photo: CTK
Le Président de la République tchèque, Vaclav Havel, s'est déclaré "heureux que le calendrier de l'adhésion (de la Tchéquie) à l'Union européenne ne soit pas menacé et que cette entrée se fasse conformément aux règles déjà établies". Le Premier ministre, Vladimir Spidla, a, pour sa part, affirmé que "la tournure positive prise par le résultat du référendum était la preuve que la pensée européenne était bien vivante et avait son avenir devant elle". Enfin, le ministre des Affaires étrangères, Cyril Svoboda, a formulé une idée intéressante pour l'avenir de la Tchéquie dans l'Union européenne en soulignant que celle-ci était "bâtie sur le principe d'un fonctionnement démocratique qui dépendait aussi des décisions prises par les petits pays".
Tous les quotidiens tchèques ont bien entendu consacré une large part de leurs colonnes aux commentaires et analyses en tous genres. Pratiquement tous s'accordent pour faire de l'Irlande un exemple du rôle que peuvent jouer les petits pays. Mais ils notent aussi et surtout que si, effectivement, un grand pas en avant a été effectué samedi, de nombreuses négociations attendent encore pays membres comme candidats, avant la fin de l'année et le sommet de Copenhague destiné, selon le calendrier de Bruxelles, à établir 2004 comme date définitive pour l'adhésion de la Tchéquie à l'Union européenne.