Le système éléctoral en République tchèque
Comme cette année a été un peu particulière en matière d'élections, nous avons justement choisi le sujet des élections en République tchèque pour notre rubrique parlant de la vie quotidienne des habitants de ce pays, au centre de l'Europe. Les élections, ce n'est pas tous les jours, certes, mais cela fait partie de la vie du citoyen.
Le président de la République, Vaclav Havel, termine son mandat au début de l'année prochaine. Combien de temps dure le mandat d'un président de la République, en Tchéquie ? Cinq ans. A remarquer que Vaclav Havel a été trois fois président de la République, alors que la Constitution stipule que cela n'est possible que deux fois. Dans le cas de Vaclav Havel, il faut savoir qu'il a été élu pour la première fois, après la Révolution de velours, en 1989, en tant que président de la République, mais tchécoslovaque encore. Il a donc été deux fois chef de l'Etat tchèque, indépendant depuis le 1er janvier 1993. Selon ses propres paroles, même si la Constitution changeait, lui permettant de se présenter une troisième fois, il ne le ferait plus.
Voyons maintenant comment le président de la République est élu en Tchéquie. A la différence de la France, par exemple, cela ne se passe pas au suffrage universel. Le chef de l'Etat n'est pas élu par un vote des citoyens. Le Président est élu par les représentants des deux chambres du Parlement, la haute, le Sénat, et la basse, la Chambre des députés. Cette élection a lieu lors d'une session commune des deux chambres. Cette réunion devrait avoir lieu le 15 janvier prochain. Il faut dire que, ces derniers temps, les discussions vont bon train en ce qui concerne l'élection présidentielle. Bon nombre de voix se font entendre, demandant un amendement de la Constitution qui instituerait le vote au suffrage universel. Les partisans sont nombreux, mais les adversaires aussi. Ces derniers argumentent, surtout, en affirmant que cette forme de scrutin pour les présidentielles n'a pas de tradition en Tchéquie, ou même dans l'ancienne Tchécoslovaquie. Les présidents ont toujours été élus par les parlementaires. Ils avancent aussi que la nation tchèque n'est pas prête à une telle consultation électorale. Les partisans, au contraire, affirment que les présidentielles au suffrage universel, à deux tours, comme en France, seraient plus démocratiques. Il ne s'agirait plus, comme jusqu'à maintenant, d'un accord entre les partis politiques représentés au Parlement, mais d'un véritable plébiscite de la nation tout entière. Les discussions vont bon train, sans résultat. Pour l'instant, le successeur de Vaclav Havel sera encore élu par les parlementaires, députés et sénateurs.
Passons, maintenant, aux plus importantes élections tchèques, celles qui décident le plus de l'avenir du pays, les législatives. Comme vous le savez, peut-être, les dernières en date ont eu lieu au mois de juin de cette année. Elles ont donné à la Tchéquie un gouvernement de coalition, dirigé par les sociaux-démocrates. Coalition avec les chrétiens-démocrates et l'Union de la liberté / Union démocratique. On pourrait parler d'une coalition centriste, mais avec certaines réserves, car la social-démocratie y joue le premier rôle. Comment se déroulent les législatives tchèques ? Elles ont lieu au scrutin proportionnel, mais avec certains éléments du système majoritaire. Il y a deux tours, cela tous les quatre ans. L'électeur choisit plutôt une liste électorale de telle ou telle formation politique, que tel ou tel candidat. Cela n'est pas exclu, pourtant. En général, le vainqueur, le leader de la formation politique qui remporte le plus de voix, est chargé de la composition du gouvernement. Cette dernière est soumise à l'accord du président de la République. Les électeurs votent donc pour la composition de la Chambre des députés qui compte 200 sièges. Actuellement, le gouvernement de coalition ne dispose que d'une très faible majorité : 101 sièges !Pour les élections sénatoriales, la Constitution tchèque ordonne un autre mode de scrutin. Tout d'abord, les sénateurs ne sont pas aussi nombreux que les députés. Ils ne sont que 81. Lors des sénatoriales, il ne s'agit pas du renouvellement de l'ensemble du Sénat, mais seulement d'un tiers, cela tous les deux ans. Cela veut dire que lors des sénatoriales, qui ont eu lieu cette année, il s'agissait d'élire de nouveaux sénateurs dans 27 circonscriptions électorales. A la différence des législatives, les sénatoriales ont lieu au scrutin majoritaire. Elles se déroulent à deux tours également. A noter qu'en Tchéquie, le Sénat ne jouit pas d'une grande notoriété. Cela est dû au fait que c'est une institution nouvelle, dans le système législatif, et que les citoyens n'en saisissent pas encore, très bien, le sens et le rôle. Pour cela, la participation aux sénatoriales est assez faible. Cette année, un peu plus de 24 %, au premier tour, quelques 30 % au second.
Troisième type d'élections en République tchèque, les régionales. Une chose nouvelle, car les régions ont été, de nouveau, instituées en l'an 2000. Les premières élections pour décider des organismes régionaux ont eu lieu la même année. Une seule exception, la capitale Prague. Les premières régionales n'y ont eu lieu que cette année, ce week-end écoulé, justement. Les régionales, comme les législatives, ont lieu tous les quatre ans. Leur sens n'est pas, encore, très bien saisi par les électeurs.Enfin, quatrième type d'élections en Tchéquie, les municipales. En commun avec les législatives, ce sont les élections qui attirent le plus grand nombre d'électeurs aux urnes. En effet, alors que les législatives décident de l'avenir du pays, de son orientation politique, les municipales concernent encore plus directement le simple citoyen. Il élit, en effet, son conseil municipal, le maillon de l'administration qui lui est le plus proche. Pour cela aussi, un intérêt accru existe pour cette consultation électorale. Les municipales ont lieu tous les quatre ans. A la différence des législatives, elles se déroulent toujours à l'automne. Les électeurs sont appelés à voter selon le système majoritaire. Il n'y un qu'un tour, en général en même temps que les régionales et le second tour des sénatoriales.
Vous vous direz certainement : Hé bien, certains Pragois ont eu du pain sur la planche... électorale. Ils ont dû se rendre quatre fois aux urnes. En fait, pas quatre fois, mais au moins trois : législatives au printemps, premier tour des sénatoriales, second tour des sénatoriales, régionales et municipales à l'automne. Le mot de la fin pour rire un peu : mon collègue, qui est un petit malicieux, vient de me glisser à l'oreille qu'il existe un troisième mode de scrutin à ne pas oublier : la fraude électorale... Heureusement, très peu répandue en Tchéquie. Vous vous demanderez : mais, combien d'électeurs en Tchéquie ? Réponse : dans les 6 millions.