Vaclav Havel vu par le politologue français, Ilios Yannakakis

Vaclav Havel, photo: CTK

Si l'on devait dresser, dès aujourd'hui, un bilan des activités du President Vaclav Havel, serail-il positif ? Alena Gebertova a posé la question au politologue français, Ilios Yannakakis, chargé de cours à l'Université de Lille.

Vaclav Havel,  photo: CTK
Résumé : Incontestablement, le départ de Vaclav Havel clôt une période de la République qui sort du communisme et qui devient un pays normal. En ce qui concerne son bilan : d'abord, il a donné l'image d'un pays qui est profondément culturel et démocratique. J'insiste beaucoup sur ces deux mots - culturel et démocratique, capable d'intégrer rapidement la communauté européenne. Le second point : la présence de Vaclav Havel a été une présence politique dans le sens le plus profond du terme. C'est à dire un homme qui représentait un mouvement social, un mouvement politique, un mouvement moral dans la politique. C'est ça la dissidence, en quelque sorte. Le troisième bilan, c'est le rôle incontestable de Havel sur le plan international. Il avait une aura, un prestige, une présence absolument incontournables. Havel était une valeur dans le sens le plus noble du terme. C'est ça Havel, en quelque sorte.

Par ailleurs, en Tchéquie, on apprécie surtout le rôle de Havel sur la scène internationale. En ce qui concerne la politique intérieure, on est plutôt réservé. Est-ce d'après vous une estimation juste ?

Vaclav Havel,  photo: CTK
Résumé : Je ne pense pas, parce que n'oublions pas que le rôle du président, selon la Constitution tchèque, n'est pas de gouverner. Ce sont le gouvernement et le Parlement qu eni ont la responsabilité. Il serait injuste d'imputer à Havel un pouvoir qu'il n'a pas. C'est pour cela qu'il faut être un peu plus juste par rapport à Havel. Les gens sont toujours injustes à l'égard des hommes prestigieux. Je pense que Havel a joué ce rôle de prestige, il est arrivé au bout de son mandat et ce qui est caractéristique, c'est que la population tchèque veut d'autres personnages qui représentent davantage la sensibilité d'une République tchjèque actuelle, des sensibilités politiques, sociales qui sont nées, qui apparaissent après ces douze ans de sortie du communisme. C'est ça le fond du problème. Donc, porter un jugement sur Havel sans prendre en considération ces changement de la société tchèque est à mon sens une erreur.