Refoulée à l'aéroport de Prague malgré son visa, une jeune Irakienne fait une fausse-couche
Le service d'immigration de la police tchèque a été à l'origine, jeudi dernier, d'un drame humain. Bien qu'étant en possession d'un visa obtenu en bonne et due forme à l'ambassade de République tchèque en place à Bagdad, Salily J. Khalaf, une Irakienne de vingt-six ans, a été refoulée lors de son arrivée à l'aéroport de Prague Ruzyne et renvoyée au Proche-Orient, sa provenance initiale. Mais lors du vol retour, la jeune femme, enceinte de deux mois, a commencé à perdre du sang avant de faire une fausse-couche dans un hôpital de Damas, en Syrie.
Seul le quotidien Lidove Noviny rapporte, ce lundi, l'information. Pourtant, le drame personnel qui a frappé Salily J. Khalaf est un symbole frappant, un miroir grossissant dans lequel se mêlent les reflets éclatants de l'absurdité de la guerre et du manque d'humanité avec lequel agissent trop souvent les autorités censées faire respecter l'ordre.
Salily J. Khalaf, dont la soeur réside en République tchèque depuis seize ans, s'était rendue à Prague pour faire examiner son petit garçon âgé de deux ans, gravement malade, que les médecins irakiens n'ont pas les moyens de soigner. Mais si sa soeur l'attendait bien lors de son arrivée, la jeune mère irakienne, considérée comme « sujet pouvant compromettre la sécurité », a aussi et surtout été accueillie par les mitraillettes menaçantes de policiers qui lui ont interdit de pénétrer sur le territoire tchèque. Un procédé d'accueil particulièrement hostile, surtout envers une personne en possession d'un visa valable, mais autorisé par la loi, comme le souligne la porte-parole du service d'immigration de la police tchèque.
Priée de retourner à Damas, d'où elle était arrivée, la jeune femme irakienne enceinte de deux mois a été victime de saignements dans l'avion la ramenant vers la capitale syrienne. Emmenée d'urgence à l'hôpital, après l'atterissage, les médecins ont rapidement confirmé qu'il s'agissait bel et bien d'une fausse-couche. Les raisons de cette perte font depuis l'objet des spéculations les plus diverses. Le stress engendré par le déroulement de la situation à l'aéroport est le facteur fatal le plus souvent évoqué.
Depuis son refoulement, le ministère des Affaires étrangères tchèque met tout en oeuvre pour que Salily J. Khalaf revienne en République tchèque. Mais à l'heure où le gouvernement tchèque planche sur l'envoi d'un hôpital de campagne, après la guerre, pour aider les civils irakiens, ce manque de discernement de la police tchèque fait assurément figure de fausse-note.