Le doyen des ténors tchèques

Ivo Zidek, 1998 (Photo: CTK)

Le ténor Ivo Zidek, personnage emblématique de l'opéra tchèque de la seconde moitié du XXe siècle, nous a quittés à l'âge de 76 ans.

Ivo Zidek,  1998  (Photo: CTK)
Il était le plus jeune membre de la grande génération des chanteurs du Théâtre national de Prague. Né dans un bourg de Moravie, il désirait d'abord devenir peintre mais il s'est avéré qu'il possédait une voix exceptionnelle. Le chef d'orchestre Zdenek Chalabala lui a donc proposé un engagement "d'essai" à l'Opéra d'Ostrava, en Moravie du nord. C'était une révélation et le début d'une carrière fulgurante. Trois ans plus tard, en 1948, Ivo Zidek entrait déjà dans la troupe du Théâtre national, établissement vénéré jusqu'à l'idolâtrie par le public tchèque. Il est venu au moment où ce théâtre était dominé par le ténor Beno Blachut, il a chanté avec les grandes divas Marie Podvalova et Maria Tauberova et aussi avec la basse phénoménale Eduard Haken.

Ivo Zidek et Milada Subrtova,  1968  (Photo: CTK)
Les bons ténors sont toujours exceptionnels et le timbre clair d'Ivo Zidek se prêtait à merveille au répertoire tchèque. Il excellait dans les opéras de Smetana, de Dvorak, de Fibich et de Janacek, mais aussi dans les rôles mozartiens. Au cours de sa carrière, il a incarné plus de 500 fois Jenik, jeune homme astucieux qui prétend vendre sa petite amie, dans l'opéra La Fiancée vendue de Bedrich Smetana. Il a vendu ainsi 52 fiancées différentes et parmi elles, il y avait quelques-unes des plus grandes sopranos de son temps. Pour Ivo Zidek, le personnage de Jenik était plus qu'un rôle, c'était une espèce de réincarnation. Il aimait aussi les rôles de Steva et de Laco dans Jenufa de Leos Janacek, et chantait souvent dans des opéras modernes. Sa prestation dans un enregistrement de l'opéra Juliette où la Clé des songes, opéra surréaliste composé par Bohuslav Martinu sur un livret de Germain Nouveau, reste inégalée.

Promis à une brillante carrière internationale, il se produisait bien souvent à l'étranger, et, entre 1956 et 1971, il a partagé sa carrière entre Prague et l'opéra de Vienne. Mais il revenait toujours au Théâtre national comme un pigeon attiré irrésistiblement par son pigeonnier. A la fin de sa carrière, il est même devenu le directeur de son théâtre. Tout cela, c'est maintenant du passé, mais la voix d'Ivo Zidek n'est pas perdue grâce au disque et à la bande magnétique. Il nous chantera encore longtemps cet air dans lequel il explique qu'il ne pourrait jamais trahir sa fiancée...