L'écrivain Alain Robbe-Grillet se souvient
Témoignage de l'écrivain Alain Robbe-Grillet qui, à l'époque, était en Tchécoslovaquie. Des propos recueillis par Magdalena Segertova.
« J'ai tourné dans ce pays L'homme qui ment pendant le Printemps de Prague, donc le commencement de la liberté. Il y avait un grand espoir que ça allait changer. Mais ma foi, c'était impossible, car le communisme ne peut pas changer. C'est l'un des drames du communisme. Le capitalisme peut accepter de changer. Le communisme ne peut pas changer. Quant Gorbatchev a voulu changer le communisme, tout s'est écroulé, Dieu soit loué. Donc le Printemps de Prague était voué à la destruction par la bureaucratie stalinienne. J'y ai tourné un deuxième film après l'invasion. C'était une époque assez tendue. La normalisation ne s'est pas imposée d'un jour à l'autre, mais peu à peu. J'ai tourné en Slovaquie un an après l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie, donc en août 1969. La police cherchait des bagarres, craignait les manifestations. Je rentrais tard la nuit, les policiers m'ont agressé, ils m'ont cassé toutes les dents... Comme j'ai été officiellement invité, un fonctionnaire communiste m'a dit : ils ne vous ont pas reconnu. Pour moi, c'était une phrase assez inquiétante ».