Emil Filla, peintre cubiste tchèque, est mort il y a 50 ans
Le 7 octobre nous commémorons le 50e anniversaire du décès du peintre Emil Filla, l'un des représentants les plus marquants du cubisme tchèque. Ses tableaux sont de ceux dont la valeur ne cesse d'augmenter, avec le temps.
Emil Filla faisait partie du groupe d'avant-garde Osma (Huit) qui a rompu avec l'art académique pour se tourner vers les courants novateurs venant, au début du XXe siècle, de Paris. Emil Filla y arrive en 1909. Une rencontre avec Pablo Picasso l'influence profondément et marque le début de son époque cubiste. La même année encore, Emil Filla crée et expose, à Paris, "La nature morte à l'as de coeur". Du programme esthétique intellectuel élaboré par Picasso, Filla retient le langage formel, le prisme cubiste permettant de sculpter l'espace et de donner le sentiment du réel, par la pesanteur des masses et des formes. C'est sous l'emprise de ses séjours aux Pays-Bas que la création de natures mortes prend de l'ampleur dans son oeuvre, à partir de 1912: "Nature morte au plateau et au verre", "Nature morte à la pipe" ou "Nature morte aux poissons d'or près de la fenêtre" en sont les plus connues.
Emil Filla n'a pas été que le peintre, graveur, sculpteur. Lorsque la guerre éclate, en 1914, il participe à la résistance sous la direction de Masaryk et prend part à la fondation de la Tchécoslovaquie. En 1918, il devient conseiller de l'ambassade aux Pays-Bas. De retour à Prague, en 1920, il enseigne à l'Ecole des Beaux-Arts, expose, peint. Sa carrière cubiste est longue, elle dure jusqu'à la fin des années trente, où les périls du fascisme apparaissent dans ses oeuvres. C'est le début de l'époque des "Combats"; l'attitude humaniste d'Emil Filla se traduit par des thèmes de mythologie symbolisant le combat contre les forces du mal. Pour son activité, Filla est emprisonné, d'abord à Dachau, puis à Buchenwald. Après la guerre, il est nommé professeur de l'Ecole des arts et métiers à Prague, mais le régime communiste, auquel il s'oppose, l'écarte à Peruc, en Bohême du nord, où il passe les dernières années de la vie et crée encore une série de tableaux inspirés par le paysage de cette région.
Le 7 octobre 1953, Emil Filla meurt. Son nom est passé sous silence pendant presque 40 ans. L'oeuvre qu'il nous a laissée est vaste: natures mortes, portraits, eaux fortes, pointes sèches, gravures sur bois, sculptures. Beaucoup de ses tableaux sont dans des collections privées, une riche collection représentative appartient à la Galerie nationale, une exposition permanente se trouve à Peruc et une importante collection dans sa ville natale, Chropyne, en Moravie. Des tableaux d'Emil Filla sont exposés au musée d'Orsay et au Musée national d'art moderne, au Centre Pompidou de Paris.