Le sommet de Bruxelles vu par les représentants tchèques

Фото: Европейская комиссия

Aucune décision surprise n'a marqué le sommet des 15 pays membres et des 10 pays adhérents, jeudi et vendredi derniers à Bruxelles. Un constat sur lequel se sont mis d'accord, à son issue, tant les représentants des pays concernés que les observateurs. Alena Gebertova, qui était sur place, s'est plus particulièrement intéressée aux résultats de la conférence intergouvernementale.

Vladimir Spidla et Cyril Svoboda,  photo: CTK
Si tous les pays défendaient à Bruxelles, tout comme à Rome, leurs positions, la volonté d'aboutir à des compromis y semblait quand même plus prononcée. Y a-t-il donc lieu de s'attendre à ce que l'on aboutisse, en dépit des divergences qui persistent, à un accord à propos de la Constitution européenne qui puisse convenir à tous les vingt-cinq pays ? J'ai posé la question au Premier ministre tchèque, Vladimir Spidla.

« Je suis optimiste. L'élan des pays membres a été très grand et efficace. Alors je pense qu'il y a une grande possibilité d'avoir un bon résultat... Je suis content des débats, naturellement. Force est de constater que les débats de cette nature son très compliqués. Je suis sûr que nous avons pris le bon chemin... Il faut aboutir à un accord permettant que la Constitution soit ratifiée par les Parlements nationaux et plébiscitée dans un référendum... «

Par ailleurs, les impressions du président français Jacques Chirac, retirées du sommet de Bruxelles, vont dans le même esprit. Je les ai retenues lors de sa conférence de presse.

Jacques Chirac,  photo: CTK
« L'expression des divergences de vues des uns et des autres par rapport à la Convention, aux conclusions de la Convention, cette expression s'est atténuée. Chacun ayant probablement pris conscience, depuis le 4 octobre, de la nécessité qu'il y avait d'arriver le plus rapidement possible et de préférence avant la fin de l'année, à un accord. Qui dit accord, dit naturellement limitations des périodes d'affrontement. Naturellement, chacun a fait état de ses préoccupations, de ses réserves sur tel ou tel sujet, notamment pour ce qui est de la Commision, de sa composition, de la double majorité, mais j'ai eu le sentiment que chacun l'avait fait avec la modération qui est aujourd'hui nécessaire, si l'on veut atteindre l'objectif ».

Des craintes à propos d'un éventuel échec de l'accord sur la Constitution européenne, ont-elles pourtant retenti à Bruxelles ? Voici la réponse du chef de la diplomatie tchèque, Cyril Svoboda.

« Aucune crainte n'y a été exprimée. Personne n'est enclin à l'échec des négociations, ce qui ne veut pas cependant dire que celles-ci s'annoncent faciles. En dépit de certains points de discorde entre les 25 pays, il y a la volonté d'aboutir à un accord... En ce qui concerne notre pays, nous voulons imposer ce qui est important pour la République tchèque, sans pour autant perdre de vue qu'il ne s'agit pas seulement de l'intérêt de notre Etat. L'important est d'arriver à un accord qui a la chance d'être ratifié tant par le Parlement tchèque que par les Parlements de l'ensemble des 25 pays ».

« Le combat de la coalition gouvernementale pour la cause européenne s'annonce plus difficile sur la scène du pays que la défense des positions de la Tchéquie sur la scène internationale », dit le ministre Svoboda et d'ajouter : « Pour l'opposition du pays, il s'agit d'un enjeu populiste. Elle présente l'Union européenne comme un espace monstrueux où l'on aurait du mal à vivre, histoire de hanter les citoyens. Elle prétend que la Tchéquie ne sera qu'une région. Mais est-il, par exemple, imaginable que les Français acceptent que leur pays soit une simple région, dépourvue de ses traditions, de son identité et de sa souveraineté ? C'est impensable... Tout sera plus facile, au sein de l'Union européenne. La discussion y est menée par ceux qui s'y connaissent et qui ont des arguments rationnels... Dans le pays, le combat pour la Constitution européenne se déroulera à l'heure du populisme ».