Profanation de monuments
L'attaque à la bombe, dimanche dernier, contre le monument à la mémoire des victimes du communisme, au pied de la colline Petrin, est sans précédent dans la capitale tchèque.
L'explosion qui a éclaté dimanche matin a choqué les habitants des maisons dans le voisinage du monument placé en plein centre de Prague, près d'un carrefour animé à la sortie du pont des Légions et à deux pas du quartier de Mala Strana. L'inauguration du monument, en mai 2002, douze ans après la chute du régime totalitaire, a été considérée par la Confédération des prisonniers politiques comme le début de débolchevisation de la société. "L'explosion est survenue deux jours après le 7 novembre, date de la Grande révolution socialiste d'octobre de 1917," fait remarquer l'auteur du monument, le sculpteur Olbram Zoubek. Pour lui, ce n'est pas un acte de simple vandalisme mais une affaire politique derrière laquelle il y aurait des communistes. L'attaque contre le monument n'est pas la première, cette année. Déjà, le 21 août dernier, jour du 35e anniversaire de l'invasion des troupes soviétiques en Tchécoslovaquie, le monument a été profané par des bandes rouges portant des inscriptions déshonorantes. L'explosion de dimanche a endommagé une des sept statues symbolisant les prisonniers politiques des années cinquante: des hommes que le régime a voués à la liquidation. Dimanche dernier également, un anonyme a profané 15 pierres tombales au cimetière de Trutnov, en Bohême du nord, marquant le lieu du dernier repos de jeunes filles juives, victimes de la Shoa. D'après le président de la Communauté juive de Prague, Tomas Jelinek, il y a une liaison évidente entre cette sauvagerie terrible et le 65e anniversaire de la nuit de cristal organisée par les nazis du 9 au 10 novembre 1938 à l'encontre des Juifs en Allemagne. "L'intention des auteurs de la profanation des tombes à Trutnov est de manifester, aujourd'hui encore," une hostilité à l'égard des Juifs, estime Jelinek.