La corruption au coeur du football et du hockey sur glace tchèques

Un récent reportage de la Télévision publique tchèque et une violente campagne lancée par le quotidien Mlada fronta Dnes ont complétement levé le rideau sur les pratiques courantes de corruption qui gangrènent le football et le hockey sur glace, les deux sports les plus populaires en République tchèque.

Le ver est dans la pomme depuis si longtemps que le supporter tchèque s'est habitué au goût de pourriture du fruit. Enveloppes filées en cachette et à la sauvette aux arbitres à la sortie du stade, matches achetés par les dirigeants des clubs, résultats convenus entre les joueurs des deux équipes avant le début de la rencontre, la liste des pratiques de corruption est longue. Le football et le hockey sur glace tchèques sont souillés et dénaturés par un mal omniprésent dans leurs coulisses. De la première division jusqu'au plus bas échelon de la hiérarchie, les pratiques et comportements mafieux règnent autour des terrains et des patinoires de tout le pays.

C'est un reportage diffusé mi-novembre par la Télévision tchèque qui a relancé le dossier de la corruption, déjà entrouvert à maintes reprises par le passé, mais à chaque fois aussitôt refermé faute de preuves. Dans le reportage, le journaliste, qui se fait passer pour le dirigeant d'un club amateur, achète les arbitres désignés pour les rencontres de championnat de son club. A l'aide d'une caméra cachée, le journaliste a filmé les rendez-vous fixés avec les arbitres, avant et après les matches. Depuis, le quotidien Mlada fronta Dnes a pris le relais en consacrant une large part de ses pages sportives à la corruption. Dans les colonnes du journal, mercredi 3 décembre, Ladislav Vizek, ancien international tchèque de football, a mis publiquement en cause, explications détaillées à l'appui, arbitres, joueurs et dirigeants de clubs, notamment du Sparta Prague. Avant ces révélations, qui ne ressemblent finalement fort qu'au déballage sur la place publique d'un secret de Polichinelle, d'autres arbitres, joueurs et dirigeants avaient déjà apporté leur témoignage sous couvert d'anonymat.

Sur la défensive, les hauts responsables des clubs et fédérations ont choisi de pratiquer la politique de l'autruche et de la langue de bois. « Apportez-nous les preuves et nous agirons en conséquence. Sans preuves, nous ne pouvons rien faire », clament-ils ainsi. Mais quoiqu'ils puissent dire, ou plutôt ne pas dire, plus personne aujourd'hui, en République tchèque, n'est dupe : la corruption est bel est bien présente dans le football et le hockey sur glace.