Voyage à Vrchlabi, porte des monts des Géants

Au milieu de la saison d'hiver, nous aimerions vous inviter dans la ville de Vrchlabi qui est considérée comme la porte des plus hautes montagnes tchèques, Krkonose, les monts des Géants. Tous ceux qui veulent se rendre dans ces montagnes doivent passer par Vrchlabi. En tchèque, le nom de la ville signifie la colline sur l'Elbe. Vrchlabi est, en effet, la première ville tchèque sur l'Elbe derrière la frontière allemande. Elle s'étend sur une superficie de 28 kilomètres carrés, à une altitude de 500 mètres.

La colonisation de la région, au pied des Krkonose, commence au milieu du XIIIe siècle. La région était riche en minerais de fer et en pierres précieuses. Un grand essor se produit sous Christophe Gendorf, gouverneur suprême des mines du royaume de Bohême, originaire de Styrie. Dans les années 1520 - 1523, Christophe Gendorf acquiert le droit d'extraction dans presque toute la région des monts des Géants. En 1533, il achète Vrchlabi. La même année, le roi Ferdinand 1er attribue à la ville les droits municipaux, la dotant de ses propres armoiries. La ville vit un afflux de familles de mineurs et de spécialistes allemands en matière d'extraction. Gendorf fait édifier l'église, la paroisse, l'école, l'hospice, et élargit son domaine à deux autres villes, Trutnov et Zacler, et à 380 villages. Dans les années 1546 - 1548, il fait édifier un château renaissance.

En 1624, Vrchlabi est acheté par Albrecht Vaclav Eusebius de Wallenstein qui continue avec l'extraction des minerais et devient un important fournisseur d'armes. La ville est l'une des plus riches en Bohême, jusqu'à 1634, date de l'assassinat de Wallenstein, à Cheb. Ensuite, le roi Ferdinand II offre le domaine au comte Jan Rodolphe de Morzin en récompense de ses services militaires, lors des combats contre les Suédois et les Turcs et aussi pour sa participation à l'assassinat de Wallenstein. En 1882, le domaine passe entre les mains des Tchernin.

Les guerres et les incendies ont, heureusement, évité Vrchlabi, sauf la guerre pour la Silésie, en 1740, la guerre de Sept ans de 1756. Une catastrophe naturelle s'est abattue sur Vrchlabi, en 1897: les eaux en crue de l'Elbe ont gravement endommagé la ville tout entière.

Dans le courant du XIXe siècle, l'extraction des minerais de fer commence à s'éteindre. Les forges et les usines sidérurgiques ferment, pour céder la place à l'industrie du textile: filature, atelier de tissage naissent en grand nombre dans la ville au pied des Krkonose. Le traitement du coton et de la laine lui apportent une grande richesse. Déjà en 1770, la première école de tissage en Europe centrale est ouverte à Vrchlabi.

L'essor de la ville se poursuit, au début du XXe siècle. Déjà en 1873, ses rues sont éclairées par le gaz, la ville possède une nouvelle école, un bâtiment des Postes et des Télégraphes, un centre culturel, un hôpital, un lycée et aussi, une brasserie. La tentative de la population allemande de Vrchlabi, visant à se séparer de la République tchécoslovaque fondée le 28 octobre 1918, est interrompue par l'arrivée de l'armée tchécoslovaque, le 8 décembre 1918. Or, 20 ans après, en septembre 1938, les régions frontalières tchécoslovaques, y compris Vrchlabi, sont annexées par le Reich allemand.

Sous le régime communiste, Vrchlabi vit une période d'industrialisation: la société de fabrication des téléviseurs, Tesla y ouvre sa succursale, tout comme l'usine de fabrication de voitures, Skoda. L'architecture montagnarde de la ville est abîmée par la construction de maisons d'habitation en panneaux préfabriqués.

Depuis la dernière décennie, l'image de Vrchlabi a beaucoup changé, grâce aussi à la privatisation de certains immeubles et aux soins accrus voués au patrimoine. L'entreprise privée s'y développe rapidement: de nouveaux restaurants et hôtels accueillants sont ouverts à l'intention des visiteurs. La vie est concentrée sur une longue rue commerçante, qui débouche sur la place principale. Magasins, restaurants, librairies, cafés, boutiques, salon de coiffure, tout cela est abrité par les arcades des maisons historiques qui bornent la place, mais de 3 côtés seulement, le 4e est fermé par le mur du parc du château. Le bâtiment du vieil hôtel de ville où l'on peut prendre un déjeuner ou une chope de bière est la dominante de cette place. Les spécialités culinaires sont fort appréciées par les visiteurs. Ainsi donc, la soupe qui s'appelle kyselo, d'après son goût légèrement aigre, préparé avec du levain, des champignons, des pommes de terres et des oeufs.

Le monts des Géants
Si l'on remonte cette rue encore plus en haut, on arrive à un groupe de maisons à colombage, d'une architecture montagnarde typique. L'une d'elles, la maison de Christophe de Gendorf, justement. Derrière ces maisons, il y a une petite place dominée par une splendide église baroque Saint-Laurent et un trio de maisons anciennes abritant le musée régional des monts des Géants. Ses expositions consacrées au mode de vie traditionnel à la montagne méritent vraiment d'être visitées. Non loin d'ici, l'ancien couvent des Augustins abrite le musée des sciences naturelles, à certains égards unique en son genre en Europe centrale. On peut par ex. y admirer la reconstitution d'un paysage montagnard, avec la flore et la faune typique de la région. Du musée, notre promenade conduit au parc de style anglais entourant le bâtiment Renaissance du château à 4 tours coiffées de coupoles, aujourd'hui siège de la mairie. Un petit jardin zoologique qui se trouve dans ce parc, attire notamment les enfants. Ceux-ci sont aussi fort impressionnés par le personnage mythique des monts des Géants, le géant Krakonos, un peu magicien, mais surtout connaisseur de beaucoup de choses, maître des démons et du tonnerre.

La région a son dialecte typique influencé par la langue parlée des Allemands restés ici, après 1945. Au musée, on apprend que le transfert de la population allemande a eu un impact négatif sur toute la région des Krkonose. Des villages autrefois florissants, des valeurs culturelles, tout cela était voué à l'abandon.

Le tourisme et l'intérêt pour les loisirs et le ski ont contribué à sauver les monts des Géants. Vrchlabi peut, elle-même, offrir des pistes pour les randonneurs et des pistes pour le cyclisme en montagne. Le téléski le plus proche se trouve à Zali. Une tour panoramique, à son sommet, procure une belle vue de toute la région. A compléter, encore, que Vrchlabi est jumelée à Baunatal, en Allemagne, et à la ville française de Trouville-sur-Mer.

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