Les deux carrières d'Otakar Ostrcil
Il y a 125 ans naissait le compositeur et chef d'orchestre tchèque, Otakar Ostrcil. Vaclav Richter rappelle quelques aspects importants de son oeuvre.
Pendant toute sa vie Otakar Ostrcil était partagé entre ses ambitions de compositeur et son travail de chef d'orchestre et d'organisateur de la vie musicale tchèque. D'abord directeur musical du Théâtre de Vinohrady à Prague, il succède, en 1920, à Pavel Kovarovic au poste de chef de la troupe d'opéra du Théâtre national qu'il dirigera jusqu'à sa mort, en 1935. On serait tenté de le comparer à Gustav Mahler, qui, lui aussi, dirigeait des troupes d'opéras tout en composant ses symphonies monumentales. Mais tandis que Mahler deviendra un des compositeurs les plus importants de l'histoire de la musique, Ostrcil - compositeur sera éclipsé par Ostrcil - chef d'orchestre.
Attiré par l'opéra, il compose, déjà à l'âge de 25 ans, la tragédie lyrique "La fin de Vlasta", oeuvre basée sur une vieille légende tchèque et teintée de romantisme historique. Ses mélodrames dont "Ballade du Savetier mort et de la jeune danseuse" ou ses vastes compositions pour orchestre et choeur, dont "La Légende de sainte Zita" en font un des compositeurs tchèques les plus prometteurs du début du XXème siècle. Si ces espoirs ne se confirment pas entièrement, c'est dû en partie à ses activités trop absorbantes de chef d'orchestre mais aussi peut-être à l'écrasante influence malhérienne à laquelle il n'arrive pas toujours à résister.
Cette influence se fait sentir notamment dans ses variations pour grand orchestre "Chemin de croix" et aussi dans sa Sinfonietta de 1921, qui est pourtant une oeuvre inspirée et restera vivante tout au long du XXème siècle. Et si ses opéras « Le bouton de rose », « Les Yeux de Kounala » et « Honza » ne seront montés que rarement après la mort de leur auteur, on ne saurait oublier les activités d'Otakar Ostrcil au Théâtre national. Il réussit à hisser la troupe du théâtre à un niveau jamais atteint auparavant et ouvre le théâtre aux tendances modernes. Il y donne non seulement des cycles d'opéras de Smetana, de Dvorak, de Foerster et de Novak, mais il y fait triompher, déjà en 1926, au grand dam des mélomanes conservateurs, « Le Wozzeck » d'Alban Berg.