Frantisek Hieke - Stoj

Le colonel Frantisek Hieke-Stoj

Bel homme à la stature imposante, le colonel Frantisek Hieke, nom de guerre - Stoj, fait partie des héros les plus remarquables des deux guerres mondiales. Son courage, sa bravoure et son sang-froid lui ont valu plus de vingt décorations. Entre autres, la Croix de guerre tchécoslovaque 1919, l'ordre iranien Homayoun Komander, Star 39-45, Afrika star, Italy star, trois Croix de guerre 1939, ou encore l'ordre britannique Honory O.B.E. Dans les années cinquante, il a été persécuté, torturé et destitué. Marque de reconnaissance plutôt étrange de la part des communistes! Le colonel Stoj est décédé bien avant sa réhabilitation. L'ordre de M.R. Stefanik lui a été décerné à titre posthume par le président Vaclav Havel en mai 1990. Frantisek Hieke - Stoj, un destin fascinant, sa vie - une vraie aventure!

Frantisek Hieke est né le 3 juillet 1893 à Roudnice nad Labem, en Bohême centrale. Son père est architecte, la mère du futur héros, femme au foyer, s'occupe de ses sept enfants. Il passe le baccalauréat au lycée de sa ville natale. S'ensuivent les études à l'école industrielle supérieure de Pilsen. Membre d'une organisation anti-autrichienne d'étudiants, il est considéré comme indésirable sur le plan politique. Cela lui vaudra une brimade au service militaire. Finalement, peu après l'éclatement de la Grande Guerre, le jeune étudiant est envoyé au front russe. Il décide de passer du côté de l'adversaire. L'occasion se présente au cours d'une des offensives russes dans les Carpates, près de la commune de Wola Michowa. Frantisek Hieke se fait arrêter intentionnellement par une patrouille russe. Interné à Kazan, en URSS, il se porte volontaire à l'armée serbe constituée à Odessa. En 1916, le jeune militaire suit l'école des officiers de réserve et y passe également les examens. Sergent, il est envoyé en Bessarabie. Il combat contre les armées turque et bulgare, est blessé deux fois sur le front roumain, et à Mourmansk il est dans la défense contre les Allemands et les Finlandais. Après la Grande Guerre, il passe avec son unité à Newcastle, puis au Havre et ensuite en Tchécoslovaquie.

A l'époque, c'est un officier déjà très expérimenté. Il n'est donc guère étonnant qu'on lui propose de travailler au sein des services de renseignements. Frantisek Hieke passe quelques années à Bratislava, capitale de la Slovaquie. Ensuite, il est nommé chef de la première division du service des renseigenments à Prague. En 1938, c'est la trahison de Munich. Frantisek Hieke fait partie des principaux dirigeants de la résistance tchèque. Il est chargé du transfert des résistants menacés en Pologne, puis, en Yougoslavie, de l'acquisition d'armes, d'explosifs, de substances toxiques, et de la transmission des messages secrets. L'éclatement de la Seconde Guerre mondiale ne fait que renforcer le sabotage, qu'il dirige, contre les activités des nazis. L'officier sent le brûlé! Il quitte le pays et s'enfuit en Yougoslavie, traversant la Slovaquie et la Hongrie. Ainsi, il échappe de peu à l'arrestation. « Dès son arrivée en exil, ses amis serbes lui procurent de faux papiers au nom de Petar Stoj. Ainsi il devient officier serbe », affirme son petit-fils, l'oto-rhino-laryngologiste P. Pacovsky. En Yougoslavie, Frantisek Hieke Stoj est nommé chargé de mission militaire. Dans le cadre de sa fonction, il organise le transfert clandestin des réfugiés tchécoslovaques en France, le sabotage des manoeuvres nazies et gère les services de renseignements. La défaite de la Yougoslavie l'oblige à quitter le pays pour Moscou. Sur place, il gère le service de renseignements et se charge de l'entraînement des paras. En 1941, il détruit le centre allemand d'espionnage. Peu après, il est nommé attaché militaire auprès du gouvernement iranien. Il travaille toujours au service de renseignements et s'occupe également du recrutement des bénévoles dans l'unité tchécoslovaque en Palestine. En 1943, Frantisek Hieke - Stoj est nommé commandant-lieutenant de la protection rapprochée du Schah d'Iran. Staline, Roosevelt, Churchill - la Conférence des trois grandes puissances à Téhéran! La situation est très délicate. Il faut prendre des mesures de protection très pointues pour empêcher l'attentat envisagé par les nazis. Ce ne sera, donc, personne d'autre que Frantisek Hieke - Stoj qui s'occupera de la protection des représentants suprêmes des puissances alliées.

Vers la fin de la guerre, le héros des deux guerres revient en Yougoslavie en fonction d'attaché militaire. Avec les officiers de Grande-Bretagne, d'URSS et des Etats Unis, il fait partie de l'état-major du maréchal Josip Broz Tito.

Que devient le héros après le coup d'Etat de 1948? Bonne question! Frantisek Hieke - Stoj est arrêté. Pendant cinq mois, il est torturé à Hradcansky domecek, lieu redouté de torture à Prague. Ensuite, il est déporté à Leopoldov, puis à Pardubice, lieu de détention pour les prisonniers politiques. Relâché, il ne trouvera pas d'autre poste que celui de comptable dans une coopérative agricole. Il se retire de la vie publique. Il fait beaucoup de ballades dans la forêt, accompagné de sa femme et de ses petits-enfants Pavel et Hana. Toute sa vie, il a tendrement aimé son épouse qui a survécu à la déportation dans les camps de concentration de Terezin et Ravensbrück. Jusqu'à la fin de sa vie, le colonel est resté en forme. Encore à quatre-vingt-dix ans, il prenait des douches froides tous les jours. Ressentait-il de l'amertume ou l'envie d'une rancune? « Je crois qu'il ne ressentait pas d'amertume ni de rancune. Il a réussit à élever deux petits enfants. Jusqu'à sa mort, il était reconnaissant au peuple yougoslave de ne jamais l'avoir oublié. Comme il a dit au président Havel, il pouvait toujours regarder la vérité en face et avait l'esprit tranquille en se regardant dans le miroir. », remarque son petit - fils. Le colonel Frantisek Hieke - Stoj est décédé le 17 février 1984.