Le piano romantique d'Antonin Dvorak
Radoslav Kvapil est une vedette incontestée parmi les pianistes tchèques. On lui doit des enregistrements intégraux des oeuvres pour piano de Smetana, Janacek et de Dvorak.
"Ma première rencontre avec Dvorak ? A l'âge de dix ans, j'ai commencé avec ses Silhouettes qui sont assez faciles. Je suis revenu à sa musique après avoir terminé mes études à l'Académie de musique. Mais à vrai dire, j'ai dû beaucoup réfléchir avant de s'y lancer, car à l'époque, ses oeuvres n'étaient pas très appréciées, ses morceaux pour piano étaient sous-estimées. Smetana, Suk, Novak, Janacek étaient considérés comme des maîtres de musique pour piano, mais pas Dvorak. J'ai décidé donc de faire, pour moi-même, des recherches et j'ai été surpris de constater que toute l'oeuvre pour piano de Dvorak était magnifique. Et alors, j'ai décidé, à la fin des années 1960, de l'enregistrer. Il a toujours créé des compositions intimistes enchaîné dans des cycles, comme l'a fait par exemple Robert Schumann. Ce qui est difficile chez Dvorak, s'est la polyphonie. Chaque voix doit être indépendante. Mais cette musique n'est pas baroque, elle est romantique, tout en étant polyphonique, ce qui représente une certaine difficulté. Il faut bien comprendre la partition de Dvorak et comprendre chaque voix." Londres, Vienne, Moscou... Antonin Dvorak, nous l'avons dit, sillonnait l'Europe, à une exception près. Et c'était Paris. Pourquoi était-il aussi méconnu en France ? Mystère... Radoslav Kvapil.
"Dvorak était lié à l'Allemagne, à l'Autriche, dont nous faisions partie à l'époque, à la Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et, naturellement, aux pays slaves. Mais en France, au XIXe siècle, sa musique n'était pas très appréciée. La France était concentrée sur sa propre musique et puis, elle glorifiait les auteurs allemands : Wagner, Mozart, Beethoven. Je ne sais pas pourquoi, mais la culture tchèque n'était pas en vogue là-bas. Tout a changé il y a à peu près 20 ans, avec des festivals, des émissions radiophoniques et avec les opéras de Janacek qui ont été une véritable révélation pour le public français. Les mélomanes ont commencé à manifester un grand intérêt pour la musique tchèque, notamment pour des oeuvres inconnues."