Antonín Dvořák : la Cinquième symphonie en fa majeur
Focus sur la Cinquième symphonie en fa majeur d’Antonín Dvořák qui montre à l’époque au public de mélomanes qu’il était tout à fait possible d’aller plus loin dans cette forme musicale, même après la célèbre Neuvième de Beethoven.
Paradoxalement, la Cinquième symphonie de Dvořák est souvent considérée comme sa toute première, les quatre précédentes étant perçues comme des œuvres de jeunesse, d’où la structure symphonique est absente. D’ailleurs ni sa Première, ni sa Deuxième symphonies n’ont été jouées à l’époque après avoir été composées. Les deux suivantes ne prennent pas non plus, malgré le fait qu’elles aient été données, et sous la direction de Bedřich Smetana en personne.
En 1875, l’obtention d’un prix lui permet de se plonger dans le travail de sa nouvelle symphonie – la Cinquième, donc – composée en six semaines estivales seulement. La symphonie est donnée à Prague pour la première fois en mars 1879 sous la direction d’Adolf Čech. Il faudra pourtant attendre neuf longues années avant que l’œuvre ne soit présentée pour la première fois à un public étranger : le chef d’orchestre August Manns l’interprète au Crystal Palace, dans les environs de Londres, le 7 avril 1888. Dédiée au pianiste, chef d’orchestre et compositeur Hans von Bülow, la symphonie avait une valeur particulière pour le jeune Dvořák qui l’a dirigée à de nombreuses reprises.
Le nom d’Antonín Dvořák s’impose, sa réputation internationale s’établit : sa symphonie suivante a été écrite pour l’Orchestre philharmonique de Vienne et publiée sous le nom de Symphonie n° 1, et celle qui suivit fut, dans cette logique, intitulée « n° 2 », une façon de reléguer les cinq premières à une période de non-maturité. Pendant longtemps, la numérotation des symphonies de Dvořák est restée confuse, mais les musicologues ont fini par restaurer les premières symphonies chronologiquement et à les classer en fonction des dates de leur composition.
C’est dans la veine pastorale que s’inscrit le premier mouvement de cette 5e symphonie, sans drame ni fracas comme le sont souvent ces introductions à la pièce. Il enchaîne sur un second mouvement mélodique et pittoresque, le troisième mouvement évoquant ses Danses slaves. C’est finalement avec le quatrième mouvement que Dvořák montre son talent de grand symphoniste, avec de la complexité, de la polyphonie, du pathos qui a fait hausser plus d’un sourcil chez les critiques : certains ont perçu ce final tempétueux comme une addition étrange, sortie de nulle part, sans lien avec la sérénité de tout le reste de la symphonie.
Dans cette rubrique musicale, vous pouvez vous faire une idée de ce que représente cette pièce à la croisée des chemins dans l’œuvre d’Antonín Dvořák.
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