Milos Forman, Chevalier de la Légion d'Honneur à Cannes
Si les actualités du 57e Festival de Cannes remplissent, chaque jour, les pages culturelles des quotidiens tchèques, ce mercredi, elles sont même à la une. Rien d'étonnant, car la République tchèque avait, en ce début de semaine, sa star sur la Côte d'Azur, le réalisateur Milos Forman. L'auteur d'Amadeus, du Vol au-dessus d'un nid de coucou ou de Valmont a été nommé, par le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Varbres, Chevalier de la Légion d'Honneur. Mardi, Milos Forman et le ministre tchèque de la Culture, Pavel Dostal, ont pris part à un débat sur l'avenir du cinéma européen. Un saut à Cannes, en passant par Prague, avec Magdalena Segertova.
"Mes débuts au cinéma se sont faits dans une époque où la pression idéologique s'est affaiblie, et la pression du marché ne s'est pas encore fait sentir. Aujourd'hui, les jeunes cinéastes sont dans une situation beaucoup plus difficile, parce qu'ils subissent justement une grande pression commerciale. Mais je la préfère de loin à la pression idéologique, car là, on n'est pas livré en proie à un individu, mais au public, et c'est mieux, bien sûr", a dit Milos Forman à la Radio tchèque à l'issue d'un débat intitulé "Devenir cinéaste en Europe". Ce thème a dominé la Journée de l'Europe, organisée mardi, dans le cadre du Festival, en collaboration avec la Commission européenne. Fait connu, le film européen a du mal à concurrencer son rival américain. Milos Forman.
"Les gens vont au cinéma d'abord pour s'amuser. Voilà le dilemme éternel du cinéma européen et américain : la plupart des films européens cherchent à dire la vérité sur la vie, tandis que la plupart des films américains racontent des contes de fées. La vérité est souvent ennuyeuse, les contes de fées sont plus intéressants. Mais de l'autre côté, si le film européen est bon, captivant et amusant, il trouvera, à coup sûr, son public, même aux Etats-Unis."
Le ministre tchèque de la Culture, Pavel Dostal, a assisté, lui aussi, à cette rencontre d'initiés autour de l'avenir du cinéma européen. Fier du "pavillon tchèque", installé pour la première fois à Cannes, il a fait le maximum pour promouvoir la cinématographie nationale. Son rêve ? Que les films tchèques soient, eux aussi, retenus en sélection officielle du Festival de Cannes. Ecoutons-le.
"Les critères sont multiples, ce n'est pas seulement la qualité qui décide. Tout dépend, malheureusement, des contacts. J'ai rappelé au ministre français de la Culture que le cinéma tchèque se range parmi les meilleurs cinémas d'Europe. Nous produisons 15 à 18 films par an, nos films sont nominés aux Oscars, nous avons reçu l'Oscar pour Kolya... Nous voulons donc, ici à Cannes, renouer avec l'excellente tradition du film tchèque des années 1960."