Patrick Chauvel : témoigner par la photo
Le très connu rapporteur de guerre français, Patrick Chauvel, sillonne le monde des conflits depuis près de quarante ans. Il s'est arrêté, cette semaine, pour quelques jours, à Prague pour présenter son documentaire Rapporteurs de guerre et pour donner des conférences aux futurs journalistes tchèques. Une occasion, aussi, d'accorder une interview à Alena Gebertova.
« Je pense qu il faut avoir d'abord la passion, c'est en effet une façon de vivre, une passion de vouloir raconter l'histoire des autres. Ce que je ne veux plus entendre, c'est que l'on ne savait pas. Aujourd'hui, les gens ne peuvent pas ne pas savoir, il y a des journalistes partout. Une autre chose c'est que l'on ne veut pas savoir. En 1940, le public ne savait pas ou du moins la plupart des gens, et puis il y avait cette photo d'Auschwitz qui sert aujourd hui d'appui à plein de photos, la photo de Croatie par exemple a rappelé à tout le monde celle des camps nazis. On ne travaille pas uniquement pour les news, mais aussi pour l'avenir, une photo reste un symbole, on travaille pour la mémoire. Les photos que l'on fait en Israel, en Irak ou en Tchtétchénie restent comme une marque. On espère que cela ne se reproduise pas. La qualité principale est d'être curieux tout le temps et de savoir écouter les gens ».
Y-a-til un événement, un conflit, une région qui vous aurait plus particulièrement marqué ?
« Les événements, à chaque fois, me marquent. La dernière guerre la plus dure pour moi c'était la guerre de Tchétchénie de 1995-1996, car c'est la première fois que j'ai découvert dans mon inconscient et dans l' inconscient collectif les images de 1940, car c'était une guerre en ville, avec de la boue, de la pluie, et ça ressemblait aux images de la Deuxieme Guerre mondiale. En Israel, il fait beau, a Bagdad ce n'est pas la même chose, mais en Tchétchénie, tout est horrible. On fait ces photos pas pour choquer les gens, mais pour les interpeler, car un crime qui n'a pas de témoin, alors il n y a pas de crime.
Qui est le destinataire ou bien qui devrait être le destinataire de vos photos ? Vous soulevez d'ailleurs la question dans votre film.