Les impressions pragoises de Judith Magre
Dans le cadre des Journées de la dramaturgie et du théâtre français contemporain organisées du 31 mai au 2 juin à Prague sous le titre "Le théâtre prend la parole" les Pragois ont eu l'occasion d'assister entre autres à la représentation du monodrame de Bernard-Marie Koltès "La nuit juste avant les forêts" avec le comédien français Denis Lavant mais aussi à une lecture publique présentée, au théâtre Kolowrat, par la comédienne Judith Magre. Le lendemain de la représentation, cette actrice, dont le visage expressif est connu des amateurs du théâtre et du cinéma français, a bien voulu répondre à mes questions.
Ce mardi vous a avez été la vedette d'un spectacle au théâtre Kolowrat. Qu'est-ce que vous avez présenté au public tchèque?
"D'abord, je n'étais pas vedette, parce que c'est un mot qui ne me convient pas et qui me fait toujours rire. C'était une lecture, ce n'était pas un spectacle, c'était une lecture d'un texte, "André", que Philippe Minyana avait écrit d'ailleurs pour la radio et la télévision, qui n'avait pas été fait pour être joué au théâtre et que j'avais déjà lu à Avignon; j'ai lu aussi des textes que Xavier Durringer avait écrit pour moi. Moi, je ne connaissais pas Xavier Durringer, je l'ai rencontré au cours d'un dîner, je lui ai dit: "Vous n'avez pas un texte pour moi?" parce qu'on me l'avait demandé également pour la SNCD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), pour Avignon. Il m'a dit: "Si, je vais vous en envoyer", mais le lendemain il m'a téléphoné: "Non je ne vais pas vous envoyez de textes, je vais en écrire pour vous."
Comment le public de Prague a réagi, comment a-t-il accueilli cette lecture?
"Ecoutez, je ne sais pas très bien. On doit sentir quand les gens aiment être-là, et aiment ceux qui sont en face d'eux. Je suis tellement heureuse d'être à Prague. C'est pour la troisième fois que je viens mais avant je venais en touriste parce que j'y avais des amis. Je suis tellement amoureuse de cette ville. Et de toute façon je suis à priori amoureuse du public qui vient me voir, à part quand je sens une hostilité ce qui est quand même très rare, que les gens vous insultent, vous envoient des tomates. Enfin cela ne m'est, personnellement, jamais arrivé. J'ai l'impression de vampiriser, de ressourcer mes énergies, quand il y devant moi des gens avec, à priori, une certaine affection. Affection c'est un grand mot, mais ils sont là pour m'écouter gentiment."