Elections européennes : les Tchèques peu concernés

Photo : Commission européenne

Pour la première fois de leur histoire, vendredi et samedi, les Tchèques éliront leurs 24 députés au Parlement européen. Pourtant, à l'image d'une campagne électorale balbutiante censée atteindre ces jours-ci son point culminant, le débat autour de l'Europe passionne peu à Prague. Pire même, si le taux d'abstention risque d'être l'un des plus forts des 25 pays membres, c'est aussi parce que les Tchèques avouent ne pas savoir quels sont les véritables enjeux de ces élections européennes.

Photo : Commission européenne
« Nous ne voulons pas déranger les électeurs avec des débats sérieux sur les institutions européennes », affirment en choeur les têtes de liste des principaux partis politiques à quelques jours du srutin, et ce alors même que la campagne électorale devrait entrer, tel un peloton cycliste, en force et au sprint, dans sa dernière ligne droite. A renfort de flonflons et de jeunes filles en mini-jupe sur les podiums lors des meetings et concerts racoleurs, les artifices populistes pour tenter de convaincre des électeurs indécis, sceptiques, voire indifférents à la nouvelle Union européenne sans cesse en construction ne manquent pas. Malgré cela, moins d'un Tchèque sur deux entend se rendre aux urnes ce week-end. C'est qu'un mois à peine après l'entrée de leur pays dans l'Union européenne, événement « historique » qu'ils ont fêté avec retenue, les Tchèques semblent ne pas encore avoir pris conscience que pas moins de la moitié des lois en vigueur leur sont désormais dictées depuis Bruxelles et Strasbourg.

La faute, peut-être, à l'idée entendue et lue ici ou là qui veut que, de toute façon, noyés au milieu de leurs 732 confrères, les 24 eurodéputés tchèques ne joueront qu'un rôle mineur dans l'immense hémicycle. La faute aussi, plus probablement, à une campagne électorale marquée par l'absence d'un véritable débat de fond et au cours de laquelle les vraies questions relatives au fonctionnement de l'Europe élargie à dix nouveaux pays n'ont pas été posées.

Pourtant, aucun autre Européen que les Tchèques n'aura un choix aussi vaste au moment d'entrer dans l'isoloir et de se prononcer, puisque pas moins de 31 partis et mouvements politiques représentant les horizons les plus divers présentent une liste de candidats. Mais comme le constate, dans l'un de ses titres de son édition de mardi, le quotidien économique Hospodarské noviny, la question reste posée : « Existent-ils vraiment des thèmes européens ? ». En Tchéquie, tant pour les nombreux abstentionnistes que pour certains électeurs votants, poser la question semble déjà y répondre.