Petr Cech et Vladimir Smicer : « Nous, favoris ? Non. La France est l'équipe à battre »

Petr Cech, photo: CTK

Pendant trois semaines, l'attention de tous les amateurs de football sera tournée vers le Portugal où a débuté, samedi, à Porto, le Championnat d'Europe. Jusqu'au 4 juillet au soir, le coeur des supporters des seize pays qualifiés pour la phase finale va battre au rythme des performances de leurs équipes. Pour la troisième fois consécutive, la République tchèque est présente à l'Euro, rendez-vous avec la crème européenne qu'elle n'a jamais manqué depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1993.

Petr Cech,  photo: CTK
Finalistes malheureux face à l'Allemagne en 1996 à Wembley en Angleterre après un parcours surprenant qui les avait révélés au grand public, les Tchèques n'étaient pas parvenus à franchir le premier tour quatre ans plus tard en Belgique, devancés par la France et les Pays-Bas. Cette année, après de brillantes et convaincantes éliminatoires, les partenaires du dernier Ballon d'or Pavel Nedved sont annoncés comme l'un des principaux favoris pour le titre. Avant qu'ils ne s'envolent, jeudi dernier, pour Lisbonne, nous avons été à la rencontre de quatre des 23 joueurs qui portent ou ont porté le maillot d'un club français. Petr Cech, le gardien du Stade rennais en partance pour Chelsea, a ainsi évoqué la préparation à l'Euro avant de se projeter dans le tournoi :

« Nous avons bien travaillé pendant deux semaines. Nous avons gagné deux matchs amicaux, contre la Bulgarie (3-1) et l'Estonie (2-0). Au cours de ce dernier, je pense que nous avons bien joué, surtout en première mi-temps. Désormais, nous sommes prêts pour le début du championnat contre la Lettonie. Il sera très important de gagner ce premier match pour ensuite attaquer les deux « gros » du groupe avecc trois points en poche. »

-Que savez-vous de votre premeir adversaire, la Lettonie ?

« C'est une équipe très solide défensivement. Surtout, il y a deux ou trois éléments rapides, qui jouent très bien en contre-attaque. C'est le plus grand danger de cette équipe-là. Mais j'estime que la qualité est de notre côté et j'espère donc que nous allons l'emporter. »

-Beaucoup d'observateurs vous considèrent comme un des favoris du tournoi. N'y a-t-il pas un risque de vous voir sous-estimer cette équipe lettone ?

« Non, je ne pense pas. Nous avons déjà vu quelques matchs des Lettons où ils avaient bien joué et, comme je l'ai dit, ils sont très costauds défensivement. C'est toujours difficile de bouger dix joueurs qui défendent devant leur surface de réparation. Pendant les éliminatoires, nous avions la Moldavie dans notre groupe, qui était encore un plus grand outsider, et contre eux nous avions démarré le match à 100 %. C'est pourquoi je pense que notre entame contre la Lettonie sera identique. Et puis il faut respecter l'adversaire. Chaque équipe qui s'est qualifiée pour l'Euro doit être costaud. »

-Un mot sur vos deux autres adversaires : les Pays-Bas et surtout l'Allemagne qui a connu quelques difficultés au cours de sa préparation.

« Oui, mais c'est toujours très relatif. Lors des derniers matchs amicaux, le plus important pour tout le monde est surtout de ne pas se blesser et de faire attention à la tactique. Sur ce plan-là, il y a pas mal de choses qu'on ne fait pas, parce qu'on ne veut pas dévoiler ses plans préparés spécialement pour la compétition. Pour nous, c'était pareil au niveau des coups de pied arrêtés et de certaines combinaisons que nous n'avons pas utilisées pour ne pas que tout le monde le sache. Mais pour en revenir à l'Allemagne, c'est une équipe qui est toujours présente, à chaque tournoi. Au Japon, c'était déjà pareil. A mon avis, il faudra compter avec eux comme d'habitude. »

-Un autre résultat que la victoire finale serait-il une déception pour les Tchèques ?

« Notre premier objectif est de se qualifier pour les quarts de finale et, après, on verra bien. Personnellement, je suis persuadé que si nous passons le premier tour, nous sommes capables d'aller jusqu'au bout. »

-Pendant deux saisons, vous avez défendu le but de Rennes dans le championnat de France. Aimeriez-vous rencontrer l'équipe de France ?

« J'ai regardé. Nous pouvons tomber contre les Français en demi-finales ou en finale. Ce serait bien de les rencontrer, cela voudrait dire que nous avons au moins atteint les demi-finales. Pour moi, ce serait encore plus délicat. Mais pourquoi pas ? »

-Avant de rejoindre la sélection pour le stage, que vous ont dit vos partenaires et les gens à Rennes ? Que pensent-ils de l'équipe tchèque ?

« Tout le monde a regardé notre parcours pendant les éliminatoires. Ils m'ont souhaité bonne chance et m'ont dit qu'ils comptaient sur nous pour la finale. Mais c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. »

Si les Tchèques sont confiants en leurs qualités et conscients de leurs forces et faiblesses, ils se méfient de l'étiquette de prétendant au titre que de nombreux observateurs, tant à Prague qu'à l'étranger, leur collent sur le dos. L'ancien attaquant lensois Vladimir Smicer est l'un d'entre eux :

« L'année dernière, nous étions un petit peu mieux que maintenant. L'équipe se sentait mieux et était plus confiante avec les bons résultats. Ces six derniers mois, nous avons eu beaucoup de blessés, mais désormais nous sommes au complet. Pour l'Euro, nous avons eu un tirage au sort difficile. Je ne pense pas que nous soyons les vrais favoris, mais nous avons beaucoup de qualités et pouvons aller loin. »

Pour aller loin dans la compétition, les Tchèques s'appuieront sur un style de jeu qui a fait ses preuves depuis deux ans. Ses caractéristiques : un pressing constant pour tenter de récupérer le ballon le haut possible sur le terrain et passer rapidement en phase offensive. Pour cela, le sélectionneur dispose d'attaquants redoutables et surtout d'un milieu de terrain technique, rapide et créateur, sans doute l'un des plus complets et complémentaires de toutes les équipes présentes à l'Euro. Vladimir Smicer :

« Nous nous efforçons d'abord de bien défendre et, après, d'aller le plus vite possible vers l'avant. Nous avons pas mal de joueurs comme Rosicky, Nedved ou Poborsky très créatifs et qui jouent bien au ballon. Nos attaquants, quant à eux, sont très bons, ils finissent bien les occasions que nous nous créons. Je pense que c'est ça, aller vers l'avant, qui est notre point fort. »

-Si votre potentiel offensif est effctivement impressionnant, en revanche, derrière, vous avez connu quelques problèmes depuis le début de l'année.

« Oui, mais c'est souvent comme ça. Quand on veut trop attaquer, on oublie peut-être parfois les quatre défenseurs qui restent esseulés. Du coup, on prend des buts et c'est pourquoi il faudra un peu changer notre style au Championat d'Europe. Là-bas, chaque but est important et toute erreur peut coûter chère. Alors, il faut réfléchir et trouver la bonne balance entre l'attaque et la défense. »

-Quelles sont les équipes qui peuvent être considérées comme favorites du tournoi en dehors de la Tchéquie ?

« Comme je l'ai déjà dit, je ne pense pas que nous soyons le principal favori. Pour moi, c'est la France. J'ai vu tout au long de la saison ses joueurs en Angleterre, notamment ceux d'Arsenal, mais aussi dans le reste de l'Europe. C'est une très, très bonne équipe, LE favori, l'équipe à battre. »

Alors, un match France - République tchèque en finale? La victoire de la France contre l'Angleterre, dimanche, à Lisbonne (2-1), a constitué un premier élément de réponse. La suite dès ce mardi avec l'entrée en piste des Tchèques contre la Lettonie à Aveiro.