Les vainqueurs du concours de Radio Prague

Les résultats du concours organisés par Radio Prague sur la musique tchèque sont tombés. Voici une sélection des réponses qui nous sont parvenues. Merci à tous les participants, auxquels nous enverrons des souvenirs de leur radio préférée...

Voici la réponse du gagnant, qui a gagné un séjour pour deux personnes à Prague :

Aujourd'hui encore, trois décennies après cette extraordinaire rencontre, j'aime la mélodie exceptionnelle de cette oeuvre populaire et pleine d'amour. Il existe sûrement peu de gens qui ne connaissent pas

Par quoi ai-je été le plus intéressé dans la musique tchèque ? Voilà une question à laquelle je ne peux répondre sans dresser une liste entière d'oeuvres musicales dans laquelle seraient placés l'oeuvre symphonique, les danses slaves ou le remarquable Concerto pour violoncelle d'Antonin Dvorak. Jenufa de Janacek ou sa fascinante Messe glagolitique appartiennent également aux grandes réalisations de la musique tchèque. Toutefois, je ne veux pas ennuyer le lecteur avec une liste trop longue. Alors quelle oeuvre d'un compositeur tchèque m'a le plus impressionné ? Je ne peux naturellement pas répondre à cette question sans également la justifier. Mais puisque je dois bien me décider à en choisir une, ce sera « La Vltava », tirée du cycle « Ma patrie » de Smetana. Je tiens à souligner ici que j'ai effectué ce choix difficile sans pour autant manquer de respect à l'oeuvre de Dvorak, dont les neuf symphonies, son Concerto pour violoncelle ou ses flamboyantes Danses slaves auraient mérité de figurer parmi les favoris.

Vltava
Nombre de lecteurs vont mettre en doute ma franchise : comment peut-on placer sur la première marche de l'Olympe musical tchèque un si « petit » et si « simple » morceau tout en mentionnant le reste de l'oeuvre de Smetana, de plus grande envergure, et en faisant l'impasse sur les autres compositeurs ? Difficilement, je le concède. Néanmoins, j'ai fait mon choix, et je tiens à le confirmer. « La Vltava » de Smetana est la première oeuvre d'un compositeur tchèque que j'ai jamais entendue. Je me souviens encore très bien lorsque, dans mes jeunes années, sans connaître encore la dimension de l'oeuvre complète, je fus envoûté par cette mélodie magique, qui m'a bouleversé et dont la beauté musicale m'a inspiré le respect. Seules la Flûte enchantée, la 9ème symphonie de Beethoven et Parsifal de Wagner m'ont procuré des sensations similaires, bien des années après en ce qui concerne ce dernier. Je pense également que ce n'est pas un hasard s'il existe aussi peu d'oeuvres dans le monde qui soient aussi connues et aimées que l'est celle de Smetana.

« La Vltava ». Cette oeuvre mérite pourtant d'être présentée en détail. Par le biais d'images musicales, elle décrit de manière fine, sensible et douce le cours de la Vltava, la rivière de la patrie bohémienne du compositeur. Des doux ruisseaux dont elle prend sa source, la rivière entame son cours, accompagnée de cuivres et de bois, qui rendent compte des mouvements de vagues bruissantes. Le thème continue, de plus en plus puissant, les violons et les instruments à vent suivant le cours d'eau à travers la chère Bohême. En chemin vers la belle Prague, La Vltava est témoin de nombreuses scènes et événements, évoqués par de merveilleuses mélodies pastorales. On entend notamment le cor d'une chasse ou la fête d'un mariage paysan. La description musicale d'une nuit étoilée en fond alors que plongent les nymphes comme dans un conte de fées est particulièrement envoûtante. La rivière suit son cours à la vitesse du courant pour atteindre le lieu de sa principale destination : la ville de Prague. La mélodie vltavine résonne alors en dièse éclatant de manière exceptionnelle lorsqu'est atteinte la « ville dorée » et son agglomération au milieu de laquelle coule la Vltava, plus calme, plus large et plus fière. Le thème de Visehrad tiré du même cycle et écrit dans les mêmes tons renforce le sentiment profond de la fierté nationale dont est imprégnée l'oeuvre. La Vltava est l'expression d'un mouvement musical que l'on peut définir par « musique nationale ». Elle incarne l'éveil de la conscience nationale du peuple tchèque après un siècle d'occupation habsbourgeoise. La belle mélodie et le caractère populaire de l'oeuvre me fascinent. Comme les autres parties du cycle « Ma patrie », « la Vltava » témoigne de la fierté et de la profonde relation entre l'artiste et sa patrie tchèque. C'est encore plus flagrant lorsque retentissent les éclatantes festivités à l'arrivée à Prague.

« La Vltava » est pour moi en même temps l'incarnation de la musique de Bohême et l'expression du génie tchèque. Les raisons de mon choix après quelques tergiversations et hésitations sont donc maintenant claires pour vous, cher lecteur de ces lignes.

Herbolzheim, 4 avril 2004

Helmut Matt

Et voici un extrait de la meilleure réponse envoyée par nos auditeurs francophones:

Dernier épisode en date : le chef d'orchestre que j'ai le plus connu ici en France, à Lyon où il fut pendant près de 20 ans le directeur musical de l'Orchestre de la ville -Serge Baudo- a été nommé directeur musical de l'Orchestre Philharmonique FOK de Prague !... La Musique classique actuellement, dans mon pays, ne se taille pas la part du lion. La production discographique baisse et sa diffusion aussi sans que, de mon point de vue, on puisse impliquer pour cela les nouveaux moyens de diffusion. Seul l'argent semble compter pour les décideurs commerciaux et le créneau musique classique n'est pas bon pourvoyeur en la matière . Il me semble qu'en République tchèque on n'en est pas encore là. Puisse l'état de grace continuer !...

Cette "participation" au monde musical tchèque de l'époque me fit vivre de façon tres particulière, depuis mon pays, les évènements politiques de la fin des années 60. En 1968, j'intégrais une chorale locale qui venait de rentrer précipitamment de Tchécoslovaquie où elle faisait une tournée de concerts au mois d'août : tout le monde parlait de cet épisode douloureux. Les années ont passé. J'ai pu avoir une double activité professionnelle de médecin et de chanteur (j'ai pu chanter mon Stabat Mater de Dvorak plusieurs fois). Récemment la lecture d'un roman ("Juliette Pomerleau" de Yves Beauchemin) et la rencontre avec son auteur québecois me permirent de découvrir, à travers un des héros du roman (le personnage de Bohuslav Martinek), la musique de celui qui avait inspiré l'écrivain, Bohuslav Martinu. Que de nouvelles émotions ! Sans en devenir un spécialiste (ce qu'est sans aucun doute Yves Beauchemin), je connais de plus en plus de choses de ce compositeur et le découvre toujours à chaque audition d'un nouvel ouvrage.



Bernard Rechatin

Villefranche Sur Saone