Au Musée national, quatre compositeurs tchèques pour une exposition
Pas besoin d’être un expert en musique classique pour avoir déjà entendu parler d’eux : Antonín Dvořak, Bedřich Smetana, Leoš Janáček et Bohuslav Martinů sont les compositeurs tchèques les plus connus. Ils sont mis à l’honneur en ce moment dans une exposition au Musée national de Prague tout simplement intitulée « Les compositeurs tchèques célèbres ».
C’est sur ces notes mondialement connues de la Symphonie n°9 d’Antonín Dvořák, aussi appelée Symphonie du Nouveau Monde, que débute l’exposition « Les compositeurs tchèques célèbres ».
Officiellement ouverte depuis le 3 novembre dernier, elle n’avait en réalité pas pu accueillir de public jusque-là en raison des restrictions sanitaires. Depuis le 3 décembre, il est possible de la visiter, au dernier étage du bâtiment historique du Musée national. Veronika Vejvodová, conservatrice au musée Antonín Dvořák, est l’une des auteures de l’exposition. Il est difficile de présenter des œuvres musicales dans un musée, alors il a fallu innover :
« Nous voulions avant tout ‘exposer’ la musique, ce qui est évidemment assez compliqué. Alors avec des architectes et l’équipe de production nous avons réfléchi à un nouveau concept, nous souhaitions que les visiteurs ressentent la musique. Nos futurs visiteurs auront une bonne expérience de la musique, l’exposition est inédite, moderne et originale. Elle mérite le coup d’œil. »
Et effectivement, les nouvelles technologies sont largement utilisées tout au long du parcours : spectacle de son et lumière, vidéo projections et enceintes dissimulées dans les angles de chaque mur pour écouter de la musique, mais aussi les sources d’inspiration des compositeurs.
Egalement conservatrice au musée Bedřich Smetana, Sandra Bergmannová est la deuxième auteure de l’exposition. Elle nous donne plus de détails sur cette installation si particulière :
« L’exposition comporte plusieurs parties. Dans l’une d’entre elles, la salle des lumières, les visiteurs peuvent écouter les œuvres tout en regardant les lumières s’allumer et s’éteindre au rythme de la musique. Dans les autres parties de l’exposition, ils peuvent en apprendre plus sur la vie des compositeurs. Elle est expliquée sous forme de bandes-dessinées sur les murs de la seconde salle. Entre les murs, nous avons installé des ‘méandres d’inspiration’ où les visiteurs peuvent écouter les sources d’inspiration des quatre compositeurs. Il y a, cachés entre les murs, les manuscrits des chefs d’œuvres que les visiteurs ont entendu dans la salle des lumières. »
Les dernières salles exposent des photographies et objets ayant appartenu aux compositeurs. Parmi ces derniers, on peut notamment citer le métronome de Janaček, ou, plus insolites, l’appareil auditif de Smetana, devenu sourd à la fin de sa vie, et des chaussures d’enfance de Martinů.
Dans la dernière salle, un vidéoprojecteur montre des extraits de quatre opéras sur grand écran. Quatre mises en scène différentes pour chacun d’entre eux sont présentées. Les quatre opéras choisis par les auteures sont Juliette ou la clé des songes de Martinů, Rusalka de Dvořák, La Petite renarde rusée de Janaček et La Fiancée vendue de Smetana. Ce dernier chef d’œuvre est considéré comme ayant apporté une contribution majeure au développement de la musique tchèque à la fin du XIXe siècle.
De quoi découvrir, ou redécouvrir, ces artistes alors que les salles de concerts et spectacles restent toujours fermées en Tchéquie. S’il s’agit des quatre compositeurs tchèques les plus connus aujourd’hui, ce n’est pas uniquement en raison de leur célébrité que Veronika Vejvodová et Sandra Bergmannová ont souhaité les mettre en avant.
« Nous les avons également choisis car nous possédions déjà une collection d’objets qui ont appartenu à Dvořák et Smetana. De plus, nous collaborons avec d’autres établissements tels que l’Institut Bohuslav Martinů de Prague et le Musée de Moravie de Brno où il y a un mémorial à Janaček. »
« Une autre raison qui explique notre choix est historique : ces quatre artistes ont vécu plus ou moins au même moment, entre la première moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Certains se sont connus, c’est le cas de Dvořák et Smetana par exemple, et d’autres admiraient leur prédécesseur : Martinů s’inspire de ces compositeurs tchèques notamment. »
Par ailleurs, l’anniversaire de Bohuslav Martinů était célébré le mardi 8 décembre. L’occasion pour Sandra Bergmannová de nous en dire plus sur la vie de ce compositeur, qui a longtemps vécu en France.
« Martinů a emménagé à Paris en 1923. Il a obtenu une bourse de l’Académie des Sciences et des Arts pour trois mois mais il y est en réalité resté 17 ans car il est tombé amoureux de Paris, de sa culture et du mode de vie des artistes là-bas. Il a été très influencé par les artistes français et a eu beaucoup de chance parce qu’il a rencontré des personnes importantes dans le monde de la musique de cette époque. C’est ce qui l’a aidé à devenir célèbre en peu de temps. Son opéra Juliette ou la clé des songes est écrit en français et en tchèque. »
Il est possible de visiter l’exposition « Les compositeurs tchèques célèbres » jusqu’au 31 janvier. L’entrée coûte 200 couronnes et permet également d’accéder aux collections permanentes du bâtiment historique du Musée national.