Interdiction de l'usage des lits-cages dans les centres de santé mentale tchèques : un tour de sorcellerie de la mère de Harry Potter
Le ministre tchèque de la Santé, Jozef Kubyni, a ordonné à tous les directeurs des centres de soins psychiatriques du pays de ne plus utiliser de lits-cages pour s'occuper de certains patients gravement handicapés. Une décision qui fait suite à une campagne de protestation menée par quelques médias britanniques et organisations humanitaires, et surtout relayée ces derniers jours par Joanne K. Rowling, l'auteur des aventures de l'apprenti sorcier Harry Potter.
C'est tout d'abord l'hebdomadaire Sunday Times qui, grâce à la parution d'un prétendu reportage d'investigation dans un établissement psychiatrique en Bohême de l'est, avait été à l'origine du scandale en juin dernier. Les photos prises alors montraient notamment Vasek, un garçon de cinq ans atteint d'une grave maladie mentale, pleurant alors que les infirmières l'enfermaient derrière les barreaux de son lit-cage. Un mois auparavant, dans son rapport annuel, Amnesty International avait déjà critiqué la République tchèque pour la même raison. Enfin, après que la BBC se soit récemment également intéressée au problème, c'est l'écrivain écossais Joanne K. Rowling qui, dimanche dernier, envoyait une lettre au président tchèque Vaclav Klaus et au Premier ministre Vladimir Spidla pour protester contre l'usage de barreaux et de filets autour des lits, pratique qu'elle qualifie de « torture ». Aussitôt, les médias tchèques s'étaient emparés de l'affaire, tandis que le chef de l'Etat faisait, lui, savoir qu'avant de réagir, il attendait de savoir à quel point l'opinion de la créatrice de Harry Potter était basée sur les articles de presse et sur ses expériences personnelles dans les centres spécialisés en République tchèque. Une position qui satisfaisait, par exemple, Jana Drtilova, psychiatre pour enfants et adultes :
« Je suis convaincue que cette autorité reconnue dans le domaine de l'écriture de livres pour enfants a un peu dépassé le cadre de sa fonction. Surtout, il lui manque l'expérience avec les endroits où dans une seule pièce sont regroupés plusieurs individus dont le comportement peut être dangereux non seulement pour eux-mêmes, mais aussi parfois pour leur entourage. C'est pourquoi, aussi bien pour certains enfants que pour des adultes qui peuvent être très agités jusqu'à en devenir difficilement contrôlables, les lits avec filets sont très importants. »
Finalement, ce mardi, un peu à la surprise générale, le ministère de la Santé ordonnait l'interdiction immédiate des lits-cages. Une résolution qui a entraîné sinon la colère, au moins l'incompréhension des directeurs des centres, mais aussi d'un personnel qualifié bien conscient que le recours aux lits-cages ne constitue certes pas la solution optimale, mais qui, faute d'effectifs et de moyens financiers plus conséquents, ne peut souvent faire face qu'avec les moyens mis à sa disposition...