Un reportage de la BBC ressort l’affaire des « lits-cages »

Photo: Jan Silpoch, Tyden

Mardi dernier, dans ses informations du soir, la BBC proposait un reportage démontrant que les institutions médicales en République tchèque avaient toujours recours aux fameux « lits-cages » pour les enfants handicapés mentaux ou moteurs. Or, depuis janvier 2007, leur utilisation est strictement réglementée.

C’est en 2004 que Joanne Rowling, la célèbre créatrice du personnage de Harry Potter, avait mis en lumière l’existence de ces lits-cages utilisés dans des hôpitaux psychiatriques et les institutions sociales tchèques. Révoltée par leur utilisation jugée « médiévale », elle avait alors envoyé une lettre ouverte au président et au Premier ministre tchèques. Lors de sa visite en mai dernier, elle avait réitéré sa critique.

Le récent reportage de la BBC est un nouveau pavé dans la mare. Le journaliste s’est rendu en RT à la fin de 2007 et a visité huit institutions à travers la RT avec une caméra cachée, se faisant passer pour un représentant d’une association caritative. Le reportage faisait état de l’utilisation de lits-cages pour des enfants et même des adolescents dans cinq des huit institutions visitées.

Le ministère du Travail et des Affaires sociales a vivement réagi au reportage britannique en précisant qu’il s’agissait de lits à montants amovibles et non pas de lits-cages à proprement parler. D’après la loi tchèque, les lits à montants amovibles peuvent être utilisés s’il existe des risques que l’enfant mette en danger sa vie ou sa santé. Leur utilisation doit être approuvée par le représentant légal du patient. D’autres représentants du monde médical justifient le recours aux lits-cages par le manque de personnel. D’après eux, ce système éviterait de bourrer les patients de tranquillisants, une solution encore moins humaine.

Pour le psychiatre tchèque Jan Pfeiffer, ce n’est pas un argument :

« Evidemment, si on supprime les lits-cages, mais qu’on ne change pas le système, c’est-à-dire, promouvoir la prévention, soutenir les familles, faire en sorte que les enfants ne soient plus obligés d’aller en institutions, et si c’est le cas, qu’on s’occupe d’eux correctement, trouver des solutions préventives aux états d’agitation – oui, si on pose l’équation de cette façon, eh bien, on peut voir les choses ainsi. Mais d’après moi, c’est voir les choses de façon simpliste et cela empêche de considérer le système dans son ensemble. Il faut voir tout le problème, mais pas uniquement un seul aspect hors contexte. »

Le psychiatre tchèque Jan Pfeiffer a été choisi comme directeur adjoint de l’organisation Children’s High Level Group en Grande-Bretagne, une organisation dont est membre Joanne Rowling. Il sera chargé de collaborer avec les pays d’Europe centrale et de l’Est afin de les aider à moderniser leurs systèmes d’institutions spécialisées.

En attendant, le reportage a suscité l’émoi des téléspectateurs de la BBC. Et la République tchèque se retrouve une fois de plus sous le feu des critiques. Des critiques qui étaient remontées jusqu’au Conseil pour les droits de l’homme de l’ONU, qui, suite à la médiatisation de l’affaire, avait conseillé au gouvernement tchèque d’interdire complètement ces « lits-cages ».