Ivan Hlinka, légende du sport tchèque, est mort
La République tchèque est sous le choc. Ivan Hlinka, le sélectionneur de l'équipe nationale de hockey sur glace, est décédé, lundi, des suites d'un grave accident de la route. Tout un pays orphelin pleure la perte de l'une des plus grandes légendes du sport tchèque, mais aussi d'un personnage hautement apprécié pour le regard qu'il posait sur la vie.
Samedi soir, des millions de Tchèques voyaient encore Ivan Hlinka sur leur écran de télévision s'esclaffer du rire de bon vivant qui lui était caractéristique alors qu'il participait à la remise de la Crosse d'or au meilleur hockeyeur tchèque de la saison. Le sélectionneur avait profité de l'occasion pour s'assurer de la participation de Jaromir Jagr, le Zidane du hockey tchèque, à la prestigieuse Coupe du monde qui débutera le 30 août prochain, à Helsinki, contre la Finlande. Lundi, en fin de matinée, Ivan Hlinka revenait de la ville thermale de Karlovy Vary, en Bohême de l'ouest, là où s'était tenue la cérémonie, lorsque sa voiture a été percutée de plein fouet par un camion roulant en contre-sens. Les deux véhicules sont ensuite sortis de la route pour finir dans le bas-côté. Malgré l'arrivée rapide des premiers secours sur place, qui, dans un premier temps, sont parvenus à stabiliser l'état de santé de Hlinka, ce dernier, âgé de 54 ans, a finalement succombé à ses blessures quelques heures plus tard à l'hôpital. De son côté, le chauffeur du camion, qui affirme avoir été victime d'une défaillance de ses freins, reste en soins intensifs.
Sacré trois fois champion du monde comme joueur dans les années 1970, l'attaquant au mythique numéro 21 a porté 256 fois le maillot de l'ancienne Tchécoslovaquie avec laquelle il a inscrit la bagatelle de 132 buts. Fait rare à l'époque du régime communiste, il avait rejoint, à 31 ans, la célèbre ligue professionnelle nord-américaine NHL et le club canadien des Canucks de Vancouver.
En tant qu'entraîneur, il avait ensuite été l'un des principaux artisans de l'inoubliable triomphe de la République tchèque au tournoi olympique dit « du siècle » des Jeux de Nagano, au Japon, en 1998. Dès lors, dans un pays où le hockey sur glace occupe une place particulière dans le coeur de ses habitants depuis les victoires sur l'Union soviétique dans les années 1960, Ivan Hlinka avait été élevé au rang de légende par tout un peuple, le sacre au Mondial en 1999 amplifiant encore un peu plus le phénomène. C'est d'ailleurs pourquoi celui qui fut le premier entraîneur européen à diriger un club de NHL avait été rappelé aux commandes de la sélection après la déception du dernier Championnat du monde organisé devant le public tchèque, en mai dernier. A l'époque, son statut de « légende du hockey tchèque » avait d'ailleurs même été officiellement reconnu et confirmé par la Fédération internationale de hockey sur glace et son président suisse René Fasel :« Ce pays compte tellement de bons joueurs qu'il était très difficile de faire un choix. Mais il est clair que, finalement, nous nous sommes basés sur la grande carrière d'Ivan Hlinka, que ce soit en tant que joueur avec un palmarès rempli de médailles obtenues avec l'équipe de Tchécoslovaquie, ou en tant que coach avec, et c'est sûrement ce qui a été prédominant, la victoire à Nagano. Je crois que gagner la médaille d'or olympique a été très important dans son histoire. Toutes ses participations aux congrès de la Fédération internationale en tant que délégué tchèque ont également joué leur rôle. Personnellement, j'ai beaucoup d'admiration pour Ivan. Aujourd'hui (jour de la remise à Ivan Hlinka du trophée de « légende du hockey tchèque », le 8 mai dernier), il m'a dit qu'il avait été choisi parce que je suis son ami. J'en suis très honoré, et je suis effectivement son ami, mais je pense qu'il mérite amplement son titre surtout pour tout ce qu'il a fait en tant que joueur, entraîneur, fonctionnaire et en tant qu'homme. Pour moi, c'est une très, très grande personnalité du hockey tchèque. »