A Prague, on a dressé un panorama du cinéma documentaire européen
"La position d'un documentariste, c'est la position de curiosité", dit Stan Neumann, réalisateur français d'origine tchèque qui a participé à la Rencontre des documentaristes européens, tenue récemment à Prague. Dans le cadre du séminaire, on a projeté son dernier film, produit par la chaîne de télévision ARTE, La langue ne ment pas : une adaptation des journaux de Victor Klemperer, un universitaire juif allemand destitué par les nazis.
"J'ai trouvé que les documentaristes tchèques étaient tous dans des conditions difficiles, mais qu'ils étaient bien, combatifs, qu'ils avaient le désir d'être eux-mêmes et de résister à cette espèce d'américanisation qui est une catastrophe pour nous. Chaque fois que je vois ça ici, je suis très content... Mais il est vrai qu'en République tchèque, la situation est critique : il y a peu d'espace pour les documentaires et peu de production documentaire. En Pologne, ça va un peu mieux, et France et en Allemagne, c'est carrément une situation de luxe... Presque la moitié des réalisateurs qui forment ce qu'on appelle l'école documentaire française sont des étrangers : des Roumains, des Italiens, des Brésiliens, des Américains... Donc la France est bien pour cela. Sinon, on se bat avec les mêmes problèmes. Par exemple, un des films que j'ai beaucoup aimé ici, c'est le film slovaque '66 saisons'. Ça donne envie qu'on continue à se bagarrer."
Quelles sont les nouvelles tendances dans le documentaire contemporain ?
"Je suis assez négatif sur ça, parce que je trouve que la tendance qui a pris le dessus depuis quelques années, c'est-à-dire la tendance socio-psychologisante, où l'on filme la personne en gros plan dans le malheur et où il ne se passe plus rien de filmique, juste la confession, est un peu désastreuse. Je suis contre ce 'nouveau naturalisme', je considère qu'il faut donner plus de place à l'imaginaire, au travail visuel... Malheureusement, avec l'apparition des petites caméras, le documentaire prend de plus en plus souvent cette tendance confessionnelle. Moi, je dis qu'il faut travailler avec les yeux, on est des peintres d'une certaine manière. Il faut toujours se rappeler qu'on a ce devoir formel."