Les jours du gouvernement semblent bel et bien comptés. Après que le cabinet réduit à peau de chagrin ait survécu, vendredi, au vote d'une motion de censure à la Chambre des députés, le président de la République, Vaclav Klaus, a refusé, lundi, la démission des trois ministres chrétiens-démocrates et d'un ministre unioniste, représentants de deux des trois partis de la coalition. Une décision qui place son chef, Stanislav Gross, sur une corde plus raide que jamais, les issues de secours se refermant les unes après les autres.
Vaclav Klaus et Stanislav Gross (Photo : CTK)
Stanislav Gross dispose donc désormais dans son équipe de quatre ministres qui refusent certes de collaborer avec lui, mais qui, pour autant, ne peuvent pas quitter le cabinet. Une situation paradoxale que la promesse récente faite par le Premier ministre de nommer rapidement leurs remplaçants et de former un nouveau gouvernement qui engagerait ensuite sa confiance devant la Chambre des députés ne semble pas pouvoir faire évoluer. Le président de la République a en effet décidé de rester ferme sur ses positions, et ce alors même qu'il y a peu de temps encore, il faisait du vote de confiance une condition indispensable à la formation d'un nouveau cabinet.
Vaclav Klaus (Photo : CTK)
Depuis vendredi, toutefois, bien des choses ont changé. La motion de censure déposée par le Parti civique-démocrate, principal parti d'opposition dont Vaclav Klaus est l'ancien leader, n'a pas été adoptée uniquement grâce à l'abstention des 44 députés communistes. Or, pour beaucoup d'acteurs de la scène politique et d'observateurs, cet accord tacite entre le Premier ministre et les communistes équivaut ni plus ni moins à signer un pacte avec le diable. Et les dents grincent au sein même de la social-démocratie dirigée par Stanislav Gross. Plusieurs de ses membres, dont la populaire ministre de l'Education, Petra Buzkova, ont ainsi fait savoir qu'ils réfléchissaient à l'éventualité de démissionner. Et c'est justement cette hésitation dans les rangs de la principale formation de la coalition qui a poussé le président de la République à momentanément refuser le départ des ministres des autres partis. « Si ces ministres sociaux-démocrates venaient vraiment à démissioner, il ne s'agirait alors plus d'une démission partielle de certains éléments, mais de la formation d'un nouveau gouvernement. Avant que je ne prenne d'autres décisions, j'attends donc de voir dans quelle mesure les démissions avisées des membres du gouvernement deviendront réalité », a-t-il expliqué.
Logique dans l'esprit, cette décision constitue cependant le dernier maillon d'un cercle vicieux par nature sans issue. En refusant toute démission d'un quelconque membre du gouvernement, Vaclav Klaus empêche Stanislav Gross d'en constituer un nouveau qui demanderait ensuite l'approbation de sa politique aux députés. Mais sans savoir quels représentants de parti accorderaient éventuellement leur confiance au nouveau cabinet, les ministres hésitant actuellement à démissionner resteront dans leur incertitude, tandis que la crise gouvernementale s'enfoncera, elle, dans une absurdité toujours plus profonde.