Pauvreté infantile en Tchéquie : un enfant sur sept vit dans un ménage à faible revenu
7% des enfants tchèques seraient touchés par la pauvreté, selon le rapport publié, en mars dernier, par les experts de l'UNICEF à Florence, en Italie. Un chiffre certes parmi les plus bas en Europe, mais qui n'incite pourtant qu'à un optimisme modéré : la République tchèque est le troisième pays européen, après la Pologne et le Luxembourg, où le taux de pauvreté infantile s'accroît le plus rapidement.
Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a examiné la pauvreté des enfants dans vingt-huit pays riches du monde entier, dont la République tchèque. De prime abord, le résultat semble satisfaisant : avec un enfant défavorisé sur sept, la Tchéquie affiche le sixième meilleur chiffre parmi les pays membres de l'OCDE, en se classant derrière la Suisse. En tête de liste, on trouve les pays scandinaves, les moins exposés à la pauvreté. En revanche, au Mexique, aux Etats-Unis et en Italie, qui comptent de 16 à 27% d'enfants pauvres, la situation est alarmante. Evidemment, la pauvreté en Europe et en Amérique n'est que relative : pas de comparaison à faire avec les pays du tiers monde... Pavla Gomba, présidente du comité tchèque de l'UNICEF, interrogée par Silja Schultheis de Radio Prague, explique :
"Dans la présente étude, nous avons mesuré la pauvreté en comparant les revenus des ménages avec les revenus moyens dans tel ou tel pays. Dans cette optique, on ne peut pas dire qu'une famille pauvre n'a strictement rien et souffre de faim, mais plutôt que son niveau de vie est nettement plus bas que celui du reste de la société."
Des vêtements "second hand", pas d'argent de poche, pas de téléphone portable, d'ordinateur ou de lecteur CD, un accès limité aux nouvelles technologies, ainsi qu'aux activités sportives et autres, voire à l'enseignement supérieur... Voilà ce à quoi ressemble la pauvreté à la tchèque. Si, en Bohême et en Moravie, 7% des enfants vivent donc dans des familles aux revenus inférieurs à la moitié du salaire moyen, qui est d'environ 600 euros, il y a cinq ans, ils n'étaient que 4%. Une aggravation, enregistrée d'ailleurs dans la plupart des pays riches, dont Pavla Gomba connaît bien les causes :
"Trois facteurs majeurs influencent la pauvreté : la situation démographique, c'est-à-dire le nombre d'enfants dans les familles et le nombre de familles incomplètes. Ensuite, la situation sur le marché du travail, le taux de chômage. Enfin, la manière dont l'Etat équilibre les handicaps sociaux à l'aide des allocations familiales et du système fiscal. Si l'Etat tchèque ne faisait rien dans ce sens, le taux de pauvreté infantile serait presque de 16%. Mais grâce aux prestations sociales et aux répercussions d'impôts, nous en sommes à 6,8% actuellement."
Fait connu, les enfants des familles moins aisées se sentent marginalisés à l'école, entre copains. Repenser les valeurs de la société de consommation, les placer dans un contexte mondial ? Un moyen peut-être aussi de faire face à cette "pauvreté" du 3e millénaire.