Économie/Commerce

Photo: Commission européenne
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Deux bonnes nouvelles pour l'économie tchèque au sommaire de notre rubrique cette semaine : la croissance des exportations du pays, qui figure parmi les plus fortes du monde, et le nouveau statut de Prague à la Banque centrale.

La croissance des exportations tchèques est la plus forte du monde après celles de la Chine et de la Corée du sud.

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C'est une étude réalisée par l'OCDE et publiée cette semaine qui révèle cette autre bonne nouvelle et des chiffres qui dépassent les prévisions des analystes pragois. D'autres pays récemment entrés dans l'UE voient également leurs exportations croître, mais aucun n'atteint le niveau atteint par la République tchèque. Petr Sklenar est analyste pour la société Atlantik Financial Markets. Il explique à quoi sont dus ces chiffres :

« Je pense que le facteur-clé a été l'adhésion à l'UE, parce que cette entrée a permis d'enlever les obstacles que rencontraient les exportateurs tchèques, comme les obstacles administratifs ou les obstacles économiques. Cela a aidé les producteurs nationaux à placer leurs produits sur les marchés occidentaux, principalement en Allemagne. »

La République tchèque n'est pas le seul pays à avoir rejoint l'UE le premier mais dernier. Pour Petr Sklenar, l'économie nationale était cependant mieux préparée à ces changements :

« Les producteurs tchèques sont plus compétitifs que leurs voisins de la région, et ce notamment grâce aux nombreux investissements étrangers directs au cours des dernières années. Nos entreprises étaient donc mieux préparées et sont aujourd'hui plus compétitives que les entreprises slovaques ou hongroises par exemple. »

A une semaine du premier anniversaire de l'entrée du pays dans l'UE, cette croissance des exportations va-t-elle avoir des conséquences sur l'économie en général ? « Oui, la croissance tchèque est principalement tirée par la croissance des exportations », répond Petr Sklenar, « on peut donc dire qu'une croissance plus rapide de ces exportations va influencer positivement la croissance de toute l'économie tchèque. »

Nouveau statut pour la République tchèque à la Banque centrale

Cette semaine en effet, au cours de la réunion de printemps des instances financières internationales, la République tchèque a demandé à changer de statut : Prague ne sera plus classé parmi les débiteurs du système d'assistance technique et financier de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement.

« Après 15 ans de transition économique, sociale et politique, la République tchèque est un pays dont l'économie est avancée et en pleine croissance, membre de l'Union européenne, partie intégrante de l'économie globale, et qui lutte pour retrouver sa position parmi les économies les plus développées du monde » : c'est avec ces mots que le ministre des Finances Bohumil Sobotka a justifié les velléités de la République tchèque à ne plus être classée parmi les pays « assistés ». Lenka Loudova, du ministère des Finances revient sur les critères qui permettent la nouvelle « classification » du pays :

« Il existe plusieurs de ces critères : avant tout il s'agit du PNB par habitant - critère que la République tchèque remplit aisément -, du seuil de pauvreté, de l'accès aux marchés financiers, de l'environnement légal. Bref, il s'agit de critères que le pays avait dû remplir pour son adhésion à l'UE. »

La Tchécoslovaquie avait été l'un des membres fondateurs de la Banque mondiale, avant que le régime communiste ne décide de quitter cette institution en 1954. Après la partition du pays en 1993, la Slovaquie et la République tchèque sont redevenues membres de la Banque mondiale à la place de la Tchécoslovaquie, revenue siéger après la révolution de velours. Aujourd'hui, l'économie tchèque figure en bonne position parmi les pays de la région.

« Des pays en cours de transformation économique, seuls deux d'entre eux ont changé de statut à la Banque mondiale », précise Lenka Loudova : l'année dernière c'était la Slovénie, et cette année la République tchèque. « Pour l'instant, les autres pays de la région n'ont pas l'intention de changer leur statut mais quelques uns - comme la Hongrie - s'y prépare », poursuit-elle.

« La République tchèque a fait des progrès remarquables au cours de la dernière quinzaine d'années et elle est maintenant bien placée pour faire profiter d'autres pays de son expérience de transition réussie », a déclaré Shigeo Katsu, le vice-président de la Banque mondiale chargé de l'Europe et de l'Asie centrale. Le changement de statut ne va pas changer radicalement la coopération entre Prague et l'institution dont Paul Wolfowitz va prendre la tête. Mais le symbole est important et il s'agit d'une question de prestige.

De prestige, l'économie tchèque en a bien besoin en ces temps troublés par une crise politique interminable. Les analystes commencent en effet à tirer la sonnette d'alarme : si la couronne se maintient et si les chiffres ne montrent pas encore d'impact négatif de cette crise sur l'économie, cela s'explique grâce aux investissements étrangers faits antérieurement. Comme le souligne Jan Svejnar de l'université du Michigan, l'incapacité du gouvernement actuel à prendre la moindre décision importante pourrait à terme freiner l'arrivée de capitaux étrangers.