Économie/Commerce

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Cette semaine, nous reviendrons sur un problème qui est fréquemment en une de l'actualité économique tchèque : le problème des loyers régulés. Retour ensuite sur les excellents chiffres de la balance commerciale tchèque, au plus haut depuis plus de 10 ans, avant de nous intéresser aux nouvelles dispositions envisagées pour mettre fin aux distributions de tracts et à la publicité pour les clubs érotiques du centre de la capitale.

Loyers régulés : le nouveau ministre propose un nouveau plan

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
Les loyers régulés : nous vous avons déjà parlé de ce problème à maintes reprises sur notre antenne. Le problème est simple : les propriétaires de logement se plaignent depuis longtemps de ne pas pouvoir augmenter les loyers des objets qu'ils possèdent car ceux-ci sont limités par des dispositions législatives (un peu comme la loi 1948 limite certains loyers en France). Selon les propriétaires privés, les loyers qu'ils perçoivent ne suffisent même pas à couvrir les frais d'entretien et de réparation de leur immeuble. Beaucoup font aussi comprendre que ce n'est pas aux plus nécessiteux que profite ce système.

Récemment la CEDH de Strasbourg a statué en faveur d'une propriétaire polonaise dans un cas similaire. Depuis, plusieurs propriétaires tchèques se sont empressés de saisir la Cour strasbourgeoise. Pour les juges européens, les lois internes doivent au moins permettre au propriétaire de ne pas perdre de l'argent.

Alors aujourd'hui, en République tchèque, et surtout dans la capitale, on espère un réglement définitif de la question. En attendant, lorsqu'on regarde les annonces d'appartements à vendre, on tombe parfois sur de luxueux logements pour une bouchée de pain, enfin pour une somme qui reste quand même rondelette : attention, ne pas se fier aux apparences, il s'agit en général d'une personne qui ne vend pas un bien immeuble mais un contrat de bail au loyer régulé.

Le Premier ministre Jiri Paroubek  (Photo : CTK)
Le nouveau Premier ministre Jiri Paroubek était jusqu'à très récemment en charge de l'Aménagement du territoire dans l'ancien gouvernement. Et c'est justement de lui qu'est venue la dernière proposition de dérégulation des loyers. Radko Martinek, l'homme qui a pris sa place au ministère, a bien l'intention de tout faire pour accélérer le mouvement. Selon le plan qu'il a présenté cette semaine à la presse, les loyers régulés devraient être en moyenne augmentés de 10% par an.

Mais Radko Martinek insiste également sur le fait que ce n'est pas le pourcentage d'augmentation qui est le plus important dans cette question :

« L'important c'est que l'on mette en place un système efficace de dérégulation de ces loyers et qui permette de calculer leur montant par rapport aux prix du marché. Cela dépend des villes, mais dans tous les cas, si notre plan est accepté, il n'y aura pas d'augmentation générale, mais des augmentations propres à chaque région et à chaque localité selon leur attractivité. »

Le montant des loyers régulés et ceux au prix du marché sont donc sensés se rapprocher dans les prochaines années. Selon la proposition du nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, les loyers régulés devraient progessivement augmenté jusqu'à ce qu'ils atteignent par an 5% de la valeur du logement au prix du marché. Exemple : aujourd'hui le locataire d'un appartement pragois (pour une certaine catégorie) de 60m2 à loyer régulé paie 2200 couronnes par mois (un peu plus de 70 euros). D'après Radko Martinek, un tel loyer pourrait être progressivement augmenté pour atteindre 8300 couronnes (environ 260 euros).

Sur l'ensemble du territoire tchèque, il y a encore près de 750 000 appartements à loyers régulés, dont 450 000 appartiennent aux communes, et le reste à des propriétaires privés. Pour le président de l'Association des agences immobilières, Ivan Zikes, la proposition du nouveau ministre est une bonne nouvelle, même si les changements ne se feront pas immédiatement :

« C'est résolument un premier pas dans la bonne direction. Même si je reste assez sceptique sur la mise en oeuvre de ce plan, je pense qu'une telle démarche ne peut qu'aider à nettoyer le marché immobilier. »

Sceptique, Ivan Zikes l'est principalement en raison de la fragile position dans laquelle se trouve le nouveau gouvernement, qui n'a que quelques mois pour agir avant les élections législatives. Et si l'opposition de droite l'emportait, comme tous les sondages le laissent penser, un nouveau ministre sera chargé de préparer un nouveau plan...

La balance commerciale tchèque n'en finit pas de battre des records

La balance commerciale de la République tchèque a dégagé au mois de mars son plus fort excédent pour ce mois depuis 1993, à près de 6 milliards de couronnes (199 millions d'euros), a annoncé jeudi à Prague le bureau des statistiques (CSU). Le chiffre a été notamment influencé par les bons résultats obtenus par les exportateurs de machinerie et de véhicules de transport. Pour Marketa Sichtarova de la société Next Finance cela est en rapport avec le cours de la couronne sur le marché des devises :

« L'énorme amélioration de la balance est due à une augmentation des exportations et à une baisse des importations. Le commerce a une bonne structure notamment parce que nous exportons des produits à forte valeur ajoutée. »

Restriction de la publicité pour les "clubs érotiques" du centre-ville

Je vous parlais récemment dans une autre émission de la Place Venceslas et de l'ambiance qu'il y règne le soir venu. Il semblerait que la ville de Prague souhaite mettre un terme aux pratiques des « clubs érotiques » qui pullulent autour de la place. Après les dernières descentes de police destinées à intimider les rabatteurs, les autorités municipales songent à restreindre la publicité dans les rues et la distribution de tracts qui vantent les mérites de ces établissements. Selon Rudolf Blazek, secrétaire du maire de Prague, ces nouvelles mesures sont dans l'intérêt de la ville et dans l'intérêt des citoyens :

« C'est un problème, un problème qui n'est pas seulement embêtant pour les Pragois et les touristes, mais aussi un problème pour la ville, pour la propreté de la ville, et nous serions contents que ce genre d'activité soit limité, surtout dans le centre-ville. »

Reste à savoir si les autorités ont la volonté de s'attaquer au fond du problème, c'est-à-dire au crime organisé et aux mafias étrangères, souvent accusées de posséder en sous-main l'ensemble des bordels de la ville, de frauder l'administration fiscale, et de régler violemment leurs comptes.