Les marchés et petits producteurs fermiers menacés par la crise sanitaire
Absents pendant des années en République tchèque, les marchés fermiers sont réapparus dans les villes du pays il y a une dizaine d'années. Alternative à la grande distribution et aux produits calibrés sortis d'usines, les marchés sont devenus un nouveau débouché pour les petits producteurs favorisant les produits de saison, les œufs de poule élevées en plein air, les produits artisanaux. Mais la fermeture de tous les magasins « non-essentiels » en lien avec l'épidémie de Covid-19 a concerné aussi les marchés : un coup dur pour les producteurs. Aujourd'hui, l'Association des marchés fermiers demande un assouplissement des mesures les concernant et propose d'ailleurs des solutions pratiques pour pouvoir rouvrir.
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C'est sur la place du rond-point de Dejvice, dans le VIe arrondissement de Prague, le fameux Kulaťák, qu'a ouvert le tout premier marché fermier en mars 2010. RPI avait d'ailleurs fait ses emplettes sur place à l'époque.
Depuis, les marchés ont fleuri partout dans la capitale (et dans les autres villes de Tchéquie), les plus courus étant celui du quai de Náplavka ou encore celui de la place Jiří z Poděbrad. Désormais ouverts pendant quasi toute l'année, hormis une courte pause hivernale, ils attirent des milliers de personnes en quête de produits frais et locaux.
Aujourd'hui, ce sont quelque 400 fermes familiales et autres fournisseurs qui sont directement menacés de faillite, comme l'a confié Jiří Sedláček, président de l'Association des marchés fermiers à la Radio tchèque.
« Nous demandons l'autorisation de rouvrir les marchés fermiers dans des conditions strictes et hygiéniques. Les petits exploitations familiales et les producteurs locaux doivent pouvoir vendre de la nourriture, tout comme les supermarchés ont été autorisés à rester ouverts. »
Le projet de réouverture prévoit une organisation spatiale du marché assurant le principe de distanciation sociale. De même des mesures drastiques devraient limiter au maximum le contact entre vendeur et client. Le système imaginé table sur une commande préalable des produits, un paiement sans contact ou préalable également. Les organisateurs du marché veilleraient au respect des distances obligatoires entre les personnes. De même la consommation de plats ou de boissons sur place ne serait pas autorisée.
« Le principe serait basé sur la rapidité : acheter, payer, rapporter ses achats à la maison, pour que les gens puissent faire la cuisine à partir de produits tchèques de qualité, » précise encore Jiří Sedláček.
Le nombre de vendeurs serait également limité. A titre d'exemple, sur le quai de Náplavka où se trouvent en général une centaine de producteurs, seule une quinzaine pourrait y installer son stand.L'Association argumente estime également que la vente à l'air libre de produits dont l'origine est claire est plus hygiénique et sûre que celle dans les supermarchés, fermés et où les produits sont passés dans des dizaines de mains avant de se retrouver dans le sac de commission des consommateurs.
Jiří Sedláček prend également exemple sur les pays voisins de la Tchéquie : « De grandes villes européennes comme Berlin ou Vienne ont laissé les marchés fonctionner normalement même pendant la crise, parce qu'elles estiment qu'il s'agit là d'un élément essentiel pour que les habitants puissent acheter de la nourriture. »