Coronavirus - Masqué et empathique, Andrej Babiš a appelé les Tchèques à poursuivre leurs efforts
Edouard Philippe et Boris Johnson n’ont pas été les seuls à s’adresser à la nation lundi soir. Masque noir sur la bouche, Andrej Babiš en a fait de même en République tchèque. Déterminé, confiant mais aussi empathique, un trait que beaucoup de Tchèques ne lui connaisaient pas, le Premier ministre s’est dit convaincu que le pays ressortissait plus fort de cette « crise sans précédent ».
Depuis qu’il est Premier ministre, depuis maintenant un peu plus de deux ans, c’est la première fois qu’Andrej Babiš s’est adressé aux Tchèques de la sorte, sur les trois principales chaînes de télévision du pays et, surtout, sur un ton aussi grave. « Chers concitoyens, nous traversons actuellement une des périodes les plus difficiles de l’histoire récente de notre pays. Ensemble. Nous tous. Demain (ce mardi), cela fera deux semaines que nous essayons de vivre dans une nouvelle situation, très compliquée, exceptionnelle », a-t-il d’abord annoncé en introduction, assis derrière une table depuis laquelle il a lu le texte de l’allocution qui défilait devant ses yeux.
A la différence du président Miloš Zeman la semaine dernière, qui avait été vivement critiqué sur ce point, le chef du gouvernement n’a cette fois oublié de remercier personne. Il a salué l’ensemble des Tchèques pour leur patience et leur compréhension des importantes mesures de restriction prises par son équipe, et plus encore tous les professionnels de la santé et des secours, ainsi que les volontaires. Il a aussi remercié le chef de l’Etat, sans lequel le pont aérien régulier permettant de transporter depuis quelques jours du matériel sanitaire entre la Chine et la République tchèque n’aurait pas pu être mis en place. Ce mardi, près de deux millions de nouveaux masques et de respirateurs sont ainsi arrivés à Prague.
Dans un exercice d’autocritique auquel il n’est pas habitué, Andrej Babiš a reconnu « des erreurs et des problèmes » dans la volonté d’enrayer l’épidémie. « Le monde entier est confronté à cette pandémie et nous, tout comme vous, apprenons seulement à y réagir. C’est pourquoi je vous prie de nous pardonner nos erreurs. Il y en a beaucoup. Comment pourrait-il en être autrement. C’est une situation de crise à laquelle aucun pays en Europe n’était préparé », s’est-il défendu.
Néanmoins, à ses yeux, la République tchèque, qui comptait un peu moins de 1 300 cas de contamination pour deux décès ce mardi après-midi, se sort « très bien » de la situation. Le Premier ministre a appelé à la discipline et a rappelé la nécessité de respecter les recommandations du gouvernement. « Les violer consciemment n’est ni une plaisanterie, ni un acte d’héroïsme. Cela ne fait que prolonger une complication fondamentale de la vie de tout le pays », a-t-il souligné, tout en admettant – « je le dis ouvertement » - que les mesures de confinement pourraient « durer plus longtemps que ce que nous avions prévu. »Enfin, Andrej Babiš s’est dit convaincu que les Tchèques ressortiront « encore plus forts et comme des gens encore meilleurs, comme nation » de cette crise.
La prière d’Andrej Babiš
Ce mardi, c’est cette fois devant les députés, rassemblés pour la première fois depuis la début de la crise sanitaire, qu’il s’est exprimé. Dans un discours dans lequel il a notamment promis que le gouvernement ne profiterait pas de la crise du coronavirus pour renforcer son pouvoir, il a appelé les partis de l’opposition à laisser de côté la guéguerre politique habituelle pour mieux coopérer.La Chambre basse du Parlement était réunie pour approuver la prolongation des diverses mesures, entre autres économiques relatives au déficit du budget, adoptées par le gouvernement, alors que le pays se trouve en situation « d’urgence législative ». Déclaré le 12 mars, l’état d’urgence ne peut toutefois durer que trente jours. « Je respecte profondément la démocratie, mais il en va maintenant de la santé des gens », a-t-il expliqué. Et preuve – si besoin encore en était – que l’heure est décidément grave, c’est par une prière, lue sur son téléphone portable, qu’Andrej Babiš, méconnaissable - et pas seulement parce qu’il était toujours masqué de noir -, a conclu son propos. On ne sait si les députés communistes, qui soutiennent son gouvernement minoritaire, ont récité avec lui.