Presse : pour les Tchèques, l’appartenance à l’Europe occidentale est devenue une évidence
Au menu de la revue de presse cette semaine : l’appartenance des Tchèques à l’Europe occidentale fait de moins en moins débat, les relations tchéco-slovaques 30 ans après leur séparation, la future élection présidentielle, la baisse du niveau de vie en Tchéquie, et le Covid-19 qui disparaît des esprits.
Les Tchèques savent désormais à quelle partie de l'Europe ils appartiennent. Un constat que l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt justifie par les résultats d’une récente étudede l’agence Globsec :
« Dans ce même sondage effectué l’année dernière, 58 % des personnes interrogées déclaraient n’appartenir ni à l’Ouest, ni à l’Est. Cette fois-ci, le nombre de personnes à s’être clairement exprimées en faveur de leur appartenance occidentale était supérieur à la moitié. Un tel renversement d’opinion qui concerne également le rapport des Tchèques à l’égard de l’Union européenne et de l’OTAN est sans équivalent dans les pays d’Europe centrale et orientale. »
En outre, près de deux tiers de la population considère que c’est la Russie qui est responsable de la guerre en Ukraine, comme le note l’éditorialiste :
« Les Tchèques sont en train de changer radicalement d’attitude. La guerre de la Russie en Ukraine fait non seulement bouger les lignes en Finlande, en Suède ou au Danemak, mais aussi chez nous. Vladimir Poutine nous a réveillés de notre doux sommeil pour que l’on réalise la gravité de la situation et que l’unique défense consiste en l’appartenance à des structures et à de grandes institutions occidentales. Mais il faut aller plus loin encore et ouvrir au plus vite des débats sur l’introduction de l’euro. Il faut persuader l’opinion publique que l’euro n’est pas seulement une monnaie, mais aussi un billet d’entrée dans le noyau dur européen. »
Tchèques et Slovaques, 40 ans après leur séparation
Un autre texte publié dans l’hebdomadaire Respekt et qui fait partie d’une série spéciale consacrée au 30ème anniversaire de la dissolution de la fédération tchécoslovaque, s’est penché sur certains aspects des relations entre les Tchèques et les Slovaques :
« Ces relations ne sont pas mauvaises. Aucun différend grave n’existe entre la Slovaquie et la Tchéquie, les amitiés perdurent, les touristes passent fréquemment d’un pays à l’autre, les Tchèques travaillent ou font des études en Slovaquie et vice versa. Les enquêtes révèlent que les Tchèques sont des voisins privilégiés pour les Slovaques. Les Slovaques sont habitués à acheter des livres et à suivre des films tchèques. »
Il y a pourtant une chose, selon l’éditorialiste de l’hebdomadaire, qui a disparu à jamais. C’est la profondeur des relations mutuelles :
« Certes, avant la dissolution de la Tchécoslovaquie, il existait des malentendus entre Tchèques et Slovaques. Mais, en même temps, les deux pays étaient beaucoup plus interconnectés, les gens se connaissaient et s’entendaient mieux. Les jeunes Tchèques, souvent, n’ont plus de motivation pour s’intéresser à leur voisin slovaque. Cette division a appauvri la proximité culturelle et les échanges d’opinion. Or, les deux pays ont perdu non seulement l’avantage d’un espace plus grand que celui d’aujourd’hui, mais également une part de leur identité. »
L’entrée dans l’Union européenne a profité aux relations mutuelles. Mais a-t-elle effacé la nostalgie de l’ancienne Tchécoslovaquie ? Chacun est amené, selon l’hebdomadaire Respekt, àdonner une réponse.
Andrej Babiš plus fort que jamais ?
Six mois après son départ du poste de Premier ministre, Andrej Babiš a réussi à renouer avec sa précédente gloire. C’est ce que relève un texte publié dans une récente édition du quotidien économique Hospodářské noviny. Selon le dernier sondage de l’agence CVVM, le taux de confiance dont il jouit auprès de la population et qui se situe autour de 39 % est plus élevé qu’avant les élections législatives de 2017 et 2021. « Difficile d’imaginer une meilleure position de départ pour sa candidature présidentielle », écrit un commentateur du journal avant de poursuivre :
« Pour l’instant, Babiš joue les indécis et déclare vouloir annoncer son éventuelle candidature présidentielle au tout dernier moment. Et ce même s’il se place, à en croire les sondages, en première position parmi les candidats qui déclarent leur volonté d’entrer en lice. Cette position est le fruit de la campagne menée par l’ancien chef de gouvernement, ainsi que du simple fait que, n’étant plus aux manettes, il irrite moins de gens qu’auparavant. »
Les chances présidentielles d’Andrej Babiš vont-elles continuer à augmenter ou peut-on supposer une tendance inverse ? Pour le commentateur de Hospodářské noviny, la première variante est plus probable :
« Les problèmes économiques liés à l’agression russe en Ukraine et l’inflation élevée affecteront l’ensemble des électeurs. L’actuel - ou tout autre - gouvernement ne dispose pas de possibilités réelles pour protéger les gens de leurs retombées. On peut donc prévoir que le mécontentement monte au sein de la société, de même que le soutien à un politicien qui n’a pas eu à gérer de tels problèmes. »
Ces derniers temps, si certains sondages prédisent la victoire de Babiš à l’élection présidentielle, le commentateur rappelle toutefois : « Comme celle-ci n’aura lieu qu’en janvier prochain, rien n’est encore certain. »
Une chute du niveau de vie jamais vue depuis 1993
« La chute la plus brutale du niveau de vie depuis 1993, date de naissance de la République tchèque, à laquelle on s’attendait depuis quelques semaines déjà, a commencé », indique un texte publié dans le journal en ligne echo24.cz. Son auteur précise :
« Durant le premier trimestre de cette année, les salaires en Tchéquie ont augmenté de près de 7 %. Dans une situation normale, il s’agirait d’une croissance satisfaisante, voire exceptionnelle. Toutefois, l’augmentation des prix de quelque 11 % durant la même période a rendu le niveau de vie réel inférieur à ce qu’il était auparavant. C’est la cinquième baisse du pouvoir d’achat dans l’histoire du pays qui s’est manifestée d’abord en 1998 pour se poursuivre pendant la crise financière à la fin des années 2000. Pendant la pandémie de coronavirus, la chute des recettes a été très faible, variant autour de 0,1 % seulement. »
Le texte indique que ce sont les employés du secteur public qui sont les plus touchés par cette évolution.
Plus envie de se souvenir du Covid-19
D’après l’auteur d’un texte mis en ligne sur le site Seznam Zprávy, l’obstination avec laquelle les gens cherchent à éliminer les souvenirs de la pandémie de coronavirus mérite d’être étudiée et analysée. Il explique pourquoi :
« Les sujets liés au Covid-19 ont peu de chance d’attirer l’attention des consommateurs des médias. De même, ils font rarement l’objet de conversations entre les gens. Et pour cause : le taux de contamination est très bas, les mesures de protection ont été levées, la vie semble être revenue à la normale. Ainsi, et contrairement à d’autres tragédies et catastrophes auxquelles toute sorte de rappels et d’analyses sont habituellement liés, nous faisons comme si la pandémie n’avait pas existé. L’épidémie est ainsi devenue une maladie courante, son existence ne méritant même pas d’être évoquée. »
Certes, cette approche du public et des médias a des causes évidentes, dont en premier lieu la guerre en Ukraine. Cette « élimination » de la pandémie de la mémoire risque pourtant d’avoir un impact négatif :
« Le refus déterminé des gens de parler de la pandémie prouve que les deux dernières années ont été la cause de différents traumatismes. Et même si leur contestation constitue une réaction compréhensible, on ne saurait les guérir par le silence. Tôt ou tard, une introspection sera nécessaire ».