Mais où étaient donc les femmes en 1989 ?
Les activités des groupes paramilitaires, l’absence des femmes lors des événements décisifs de la révolution de Velours en 1989, les défis de la médecine, les hypothèses autour de la prochaine élection présidentielle ou encore le recrutement à l’armée sont les thèmes traités dans cette nouvelle revue de la presse tchèque.
« Les représentants des groupes paramilitaires prétendent que leurs activités ne servent qu’à la défense, à la formation au patriotisme et à la protection civile. Pourtant, la tenue en septembre dernier de leurs ‘exercices de l’état-major’, appelés l’Eté indien 2019, avec la participation de groupes et d’associations paramilitaires locales ainsi que de l’organisation paralimitaire slovaque les ‘Recrues slovaques’, démontre le contraire. Ce rassemblement, qui s’est déroulé dans un lieu non précisé et dont ils ont informé avec un certain orgueil dans les pages de leur magazine ‘Domobranec’, confirme que ces groupes, en dépit de leurs déclarations, se préparent à des combats réels. Outre des analyses de la situation en Tchéquie et dans le monde, des entraînements au combat figuraient en effet aussi au programme. »
Selon les rapports annuels publiés par les services de renseignement (BIS), les groupes paramilitaires, parmi lesquels notamment celui appelé Národní obrana (Défense nationale), représentent un risque sécuritaire. Le ministère de l’Intérieur envisage d’ailleurs de les interdire. En réaction à cette volonté, la scène paramilitaire locale a récemment vu fusionner ses trois groupes les plus importants, dont celui qui se définit comme « Les soldats réservistes tchécoslovaques pour la paix ».
Novembre 1989 ou l’absence des femmes
« Novembre 1989 a été assez machiste », estime l’auteur d’un texte publié dans le supplément Orientace du quotidien Lidové noviny daté du 23 novembre, qui se penche sur le rôle des femmes dans de la révolution de Velours :« Quand on analyse, avec un recul de trente ans, les événements de 1989, l’absence de femmes est frappante : que ce soit dans les tribunes ou dans les coulisses, les hommes étaient très majoritaires. Ce sont les hommes qui ont pris toutes les décisions importantes. Mais, à l’époque, personne ne déplorait cette absence de voix féminines, pas même les femmes elles-mêmes. »
Le livre « A travers le labyrinthe de la révolution », qui est considéré comme le travail historique le plus complexe sur les événements de novembre 1989, ne mentionne ainsi que 1% de noms féminins. D’autres documents, comme ceux liés au mouvement Forum civique, témoignent eux aussi de la marginalité qui était alors celle du rôle des femmes. C’est pourquoi l’auteur du texte publié dans Orientace estime qu’il est aujourd’hui grand temps de mener une réflexion critique sur ce point. Et, aussi, de démonter le mythe selon lequel la révolution serait une affaire archétypale dont les femmes devaient être exclues.
Une médecine qui n’est pas pour tout le monde
A en juger les évaluations internationales, le système de santé tchèque fonctionne mieux que ce que prétendent généralement les médias locaux. Néanmoins, il souffre de toute une série de problèmes appelés à s’aggraver. Parmi eux, comme l’écrit l’auteur d’un texte publié dans une des récentes éditions du quotidien économique Hospodářské noviny, figure le coût des technologies sophistiquées. Il explique :« Pratiquement aucun pays au monde ne peut se permettre d’offrir les acquis de ces technologies à tous ses habitants. C’est pourquoi il y aura de plus en plus de cas où les malades ou leurs familles s’adresseront au public par l’intermédiaire des médias pour leur demander une participation financière. Ce qui manque également, c’est un débat sérieux dépourvu d’émotions sur ce que les caisses d’assurance maladie peuvent se permettre et sur le niveau de solidarité raisonnable dans la société. La façon dont les gens pourraient assez facilement prolonger leur longévité est un autre sujet peu débattu. »
Toujours selon Hospodářské noviny, c’est à Prague que l’espérance de vie est la plus élevée, car l’accès à des soins de qualité est plus important. Par exemple, sur les neuf hôpitaux universitaires que compte le pays, trois se trouvent à Prague. La capitale dispose également de centres de soins spécialisés, parmi lesquels biologiques. « Evidemment, ces établissements offrent leurs soins à tous les habitants du pays, mais, en pratique, les distances compliquent parfois leur accessibilité », indique le journal.
L’élection présidentielle, on en parle déjà
« Un dicton tchèque recommande de ‘ne pas découper l’ours tant qu’il se promène encore dans la forêt’. C’est pourtant ce qui se passe actuellement en Tchéquie. Sauf que ce n’est pas de l’animal, mais de la fonction présidentielle dont il est ici question. » Cette comparaison introduit un texte publié dans une récente édition du quotidien Mladá fronta Dnes, qui estime que la prochaine élection présidentielle représente déjà un sujet important. Et ce en dépit du fait que le mandat de l’actuel président, Miloš Zeman, n’arrivera à son terme que le 8 mars 2023. Son auteur précise :« Chaque semaine ou presque, on voit un nouvel adepte faire part de son éventuelle candidature ou admettre prudemment qu’il pourrait se présenter si... Les médias et les agences de sondage jouent le jeu eux aussi. Force est cependant de constater que pour l’instant, il ne s’agit que d’un sujet entièrement virtuel, car même les adeptes aujourd’hui ‘favorisés’ pourraient finalement s’abstenir. »
Selon le commentateur, il n’y a qu’un aspect pertinent qui justifie ces spéculations : la santé du président de la République. Or, si pour une raison ou pour une autre, Miloš Zeman devait abandonner prématurément ses fonctions, cela profiterait évidemment à ceux qui sont déjà connus du public et qui font parler d’eux. Dans ce cas, la Constitution stipule un délai de quatre-vingt-dix jours pour l’organisation d’une nouvelle élection. Le journal ajoute :
« Si, au cours des trois prochaines années, le président Zeman restait en bonne santé, toutes les ‘candidatures’ annoncées aujourd’hui ne seraient que des tirs à l’aveuglette. Des élections régionales, sénatoriales et législatives auront lieu durant cette longue période. Leurs résultats auront certainement un grand impact sur l’élection présidentielle ».
L’Armée tchèque peine à recruter
L’Armée tchèque peine à remplir ses plans de recrutement. Tandis que l’année dernière, elle y est presque parvenue, cette année, elle n’a satisfait ses besoins qu’à hauteur de 86%. Ainsi, le projet du gouvernement d’augmenter les effectifs en les faisant passer de 21 000 soldats professionnels actuels à 30 000, auxquels s’ajouteraient 10 000 réservistes, d’ici à 2025, semble incertain. Une information publiée sur le site E15 qui cite le porte-parole de l’Etat-major de l’Armée :« Outre l’évolution démographique peu favorable, le désintérêt des jeunes pour l’étude des disciplines techniques est dans une grande mesure la cause du problème. Le nombre d’étudiants à l’Université de la Défense à Brno et d’inscrits à l’option militaire à la Faculté des sports à l’Université Charles de Prague diminue. Pourtant, les étudiants sont censés représenter jusqu’à un cinquième des nouvelles recrues. L’état de santé des jeunes hommes et femmes, qui souvent ne répond pas aux standards exigés, est un autre problème. D’autres encore ne réussissent pas les tests physiques. Au total, jusqu’à 40% des candidats ne peuvent pas être admis. »
Rappelons que l’Armée tchèque est pleinement professionnelle depuis janvier 2005.