Une dizaine d’avant-premières et un hommage à Clouzot pour le 22e Festival du film français
Du 20 au 27 novembre se déroule à Prague, mais aussi en province, le Festival du film français. Outre les traditionnelles avant-premières, le festival accueille cette année deux réalisatrices : Anne Fontaine et Lou Jeunet qui présenteront leurs films respectifs, Blanche comme neige et Curiosa. Le réalisateur de films noirs, Henri-Georges Clouzot sera également à l’honneur à l’occasion de ce nouveau rendez-vous du cinéma français en Tchéquie, qui, après une année en version réduite, a repris son envol, comme nous l’explique une de ses organisatrices, Anna Mitéran :
« La 22e édition du festival a repris l’ampleur des festivals précédents. Qu’il s’agisse du nombre de films ou de son étendue sur le territoire, on a retrouvé le modèle précédent : on va projeter 50 films dans le cadre de 155 projections. Hormis Prague, nous serons également présents dans les villes de Brno, České Budějovice, Hradec Králové et Ostrava. »
Comment cela se passe-t-il en régions ? C’est une version réduite du festival ?
« En régions, on est toujours sur le même modèle : on projette surtout les avant-premières. Cette année, nous en avons douze, donc cela représente douze films pour les régions, plus les soirées de courts-métrages. On complète avec des films tirés de la sélection ‘Succès du cinéma’, donc des films déjà sortis en 2019, avant le coup d’envoi de notre festival. »
L’affiche du festival cette année est particulièrement marquante puisqu’elle met en valeur une des plus grandes stars du cinéma français, Romy Schneider. Cette affiche introduit une rétrospective spéciale consacrée au réalisateur Henri-George Clouzot, qui l’a fait jouer…
« Oui, c’est une rétrospective préparée avec l’Institut français de Paris. On avait envie de continuer dans la présentation du cinéma français classique des années 1950-1960. Henri-Georges Clouzot n’est peut-être pas très connu en République tchèque, pourtant c’est le maître du suspense du cinéma français. Il est même surnommé le Hitchcock français. On propose donc trois films policiers : Le salaire de la peur, L’assassin habite au 21 et Les diaboliques. On a complété avec deux documentaires, l’un qui s’appelle Le mystère Picasso, et le deuxième est consacré au tournage du film L’enfer, qu’Henri-Georges Clouzot a entamé dans les années 1960. Il a choisi comme thème la jalousie et pour le rôle principal, il a justement choisi Romy Schneider. Cinéaste confirmé, très apprécié aux Etats-Unis, il a reçu pour ce film un budget illimité de la part des Américains... »Sauf que ce tournage ne s’est jamais achevé…
« Oui, d’une certaine façon, cela a tué le film. L’atmosphère est devenue très lourde pendant le tournage. Finalement Henri-Georges Clouzot a été arrêté dans son tournage par un infarctus. »
Comme vous le disiez toute à l’heure, une grande partie du programme est consacrée aux avant-premières, cela permet de présenter les films achetés par les sociétés de distribution tchèques. Peut-on en citer une ou deux ?
« Il y en a douze, c’est difficile. Mais je pense qu’il faut citer le film d’ouverture, une comédie très réussie de Nicolas Bedos, intitulée La Belle époque, avec un casting de rêve : Guillaume Canet, Daniel Auteuil, Fanny Ardant et Doria Tillier. C’est une comédie qui vient de sortir en France, qui a beaucoup de succès auprès du public et qui a eu aussi du succès lors de sa projection au festival de Cannes, même s’il n’était pas en compétition. »
Une section intéressante, puisque ce festival se déroule en République tchèque, c’est le Choix de la critique tchèque. Précisons d’ailleurs pour les lecteurs et auditeurs que notre collègue Magdalena Hrozínková est une de ces critiques qui a choisi un des films. C’est important pour vous ce lien entre les critiques de cinéma tchèque et le festival ?
« C’est important car nous avons aussi besoin des spécialistes tchèques sur le cinéma français. Ce n’est pas quelque chose de courant pour le public tchèque de pouvoir visionner tous les films français. Le Choix de la critique tchèque est une section composée de films qui ne sont pas distribués en République tchèque, qui ont du succès dans les festivals, mais qui n’ont pas le potentiel, disons, commercial. Ils sont pourtant intéressants pour le public. On est donc très contents de pouvoir travailler avec des personnes comme Eva Zaoralová (ancienne directrice artistique du festival de Karlovy Vary, ndlr). Elle est depuis des années la vedette de cette section. Il y a aussi les critiques cinéma des différents quotidiens, de la radio… On a vraiment une sélection de personnes qui suivent la cinématographie française qui souvent nous recommandent les films. C’est le cas du film Chambre 212 qui nous a été recommandé immédiatement après Cannes. C’est comme cela que ça se passe et on est contents. »