Tigre celtique et lion de Bohême : quand un Irlandais obtient la nationalité tchèque
Ian Willoughby, journaliste irlandais à la rédaction anglaise de Radio Prague, a obtenu la nationalité tchèque il y a tout juste un an. Aujourd’hui, il passe de l’autre côté du micro pour raconter son expérience en détails.
« Dans mon Irlande natale, les cérémonies de remise des certificats de citoyenneté se déroulent dans un grand hall où sont réunies des milliers de personnes, et sont assez importantes pour qu’on en parle dans les infos du soir. A la mairie de Prague 3, ils n’étaient pas plus de cinq à venir prêter serment le même matin que moi. »
Chacun des nouveaux Tchèques a sa propre petite cérémonie nous explique Ian. Sont alors présents trois fonctionnaires dont une employée ayant pour rôle de lancer un enregistrement de l’hymne national, Kde domov můj, que l’intéressé nous confie apprécier particulièrement. Sa femme et son ami Rob l’ont également accompagné pour cette cérémonie qui se déroulait dans la salle où Václav Havel fut marié deux fois, un bonus pour l’Irlandais. Une fois présenté en quelques mots à l’adjoint au maire par une employée du bureau d’état civil, tout fut très rapide :
« Est alors venu le moment de réciter le serment de citoyenneté, aussi appelé státoobčanský slib, qu’on m’avait conseillé d’apprendre par cœur. J’ai lu (en tchèque bien sûr) : Sur mon honneur, je promets loyauté à la République tchèque ; Je promets de respecter la constitution et les autres lois de la République tchèque. Après ça, l’adjoint au mairem’a tendu un document confirmant ma citoyenneté, m’a serré la main et c’était tout. »
Un processus modeste et simple qui vient couronner quelques mois de formalités administratives. Lorsqu’on lui demande pourquoi avoir demandé la nationalité tchèque, Ian Willoughby répond qu’il y avait plusieurs raisons :
« Je suis marié à une Tchèque donc cela facilitait la chose. En tant qu’Irlandais, je pouvais avoir la double nationalité. Ce n’est pas si compliqué d’obtenir la nationalité tchèque aujourd’hui, mais on ne peut pas prévoir si ça changera à l’avenir. Il m’était donc possible de troquer mon imposant permis de résidence (qui ressemble à un passeport) pour des papiers d’identité de la taille d’une carte de crédit. Mais par-dessus tout, je me suis dit : Je vis ici, je n’ai pas prévu d’aller autre part et ne serait-ce pas génial de pouvoir voter ? »Pour obtenir le précieux graal, Ian Willoughby a dû passer des tests de langue tchèque et de culture générale. Ce dernier est « simple comme bonjour » pour quelqu’un qui s’intéresse à la culture tchèque, raconte l’Irlandais qui avait obtenu 70% de bonnes réponses sur une simulation en ligne en seulement un tiers du temps imparti. Le test de langue a rééquilibré la balance pour Ian qui considère avoir un niveau moyen en tchèque, mais le plus compliqué pour lui a été l’examen oral. Il raconte :
« Après avoir dit quelques mots sur nous, avec une dame bulgare plus âgée avec laquelle je faisais équipe nous devions faire un jeu de rôle où nous étions des collègues qui organisaient une activité sportive. Cela s’est terminé par un rendez-vous à la piscine. »
Un mois plus tard c’est une réponse positive que reçoit Ian Willoughby, lui permettant d’entamer la phase administrative auprès du bureau d’état civil. S’ensuivit un tour des administrations publiques, comme les services sociaux, pour prouver qu’il n’avait pas bénéficié d’allocations chômage ou encore le bureau de douanes pour attester qu’il ne leur devait pas d’argent.
Une période stressante pendant laquelle Ian Willoughby a patiemment attendu tous ses papiers qu’il reçut dans le délai imposé des 30 jours suivant sa demande. Dans sa lettre de motivation, il nous confie avoir beaucoup insisté sur son travail à Radio Prague International pour améliorer ses chances. L’aboutissement d’un processus compliqué dont il se souvient :
« J’ai vraiment réalisé que cela représentait bien plus que tous ces papiers quand j’ai finalement déposé mon énorme pile de documents et que l’employée du bureau d’état civil m’a souri et m’a dit ‘Bonne chance – nous sommes impatients de vous compter parmi nos concitoyens.’ C’était un moment très émouvant. »
En un peu moins d’un an, la citoyenneté d’Ian Willoughby avait été approuvée par le ministère de l’intérieur. Puis tout s’est enchainé : trouver une date pour la cérémonie, rendre le permis de résidence permanente au commissariat de la police migratoire, réclamer un certificat de naissance tchèque, officialiser une adresse en Tchéquie, puis, finalement, récupérer la nouvelle carte d’identité.De tout ce processus, Ian Willoughby dresse un bilan :
« Obtenir la citoyenneté tchèque était intimidant au départ et il y a eu beaucoup d’obstacles à franchir. Le processus a pris environ 15 mois mais de mon point de vue, cela valait vraiment le coup. »
Aux dernières nouvelles, les files d’attente pour les demandes de citoyenneté tchèque ont été récemment allongées par le nombre croissant de Britanniques qui souhaitent être naturalisés en raison du Brexit.